Entre les islamophobes extrémistes, les racistes anti-arabes, les suprémacistes sionistes, les idéalistes myopes, on trouve tout et son contraire quant au problème de l’intégrisme musulman.
Difficile donc de se faire une opinion. Or s’il est possible et même modestement souhaitable de se dispenser d’une opinion sur des problèmes techniques, scientifiques, complexes, sur lesquelles d’ailleurs nous n’avons aucune influence, il est par contre utile de s’en former une sur les questions qui ont ou auront une incidence sur votre vie démocratique, culturelle, philosophique et qui, en outre, sont et resteront durablement une composante des idéologies et propositions politiques que nous devons arbitrer par nos votes.
Raison parmi d’autres pour laquelle je suis allé voir ce film de Meryam Joobeur. Il aborde en effet la question des ravages du djihadisme sur la religiosité musulmane conventionnelle.
L’intrigue est simple et s’inspire sans doute de nombreuses situations réelles : dans un petit village reculé de Tunisie, la mère Aicha (Salha Nasraoui) et le père Brahim (Mohamed Grayaa) ont vécu douloureusement le départ inexpliqué de leurs fils Medhi (Malek Mechergui) et Amine, vraisemblablement partis rejoindre Daech.
Mais Medhi revient bientôt avec Reem (Dea Liane) sa fiancée enceinte, qui porte le niqab et reste muette. Les parents se taisent et restent discrets dans le village où bientôt surviennent des événements inquiétants qui incitent Bilal (Adam Bessa), leur vieil ami policier, à mener l’enquête…
Alors effectivement, ce film donne à réfléchir sinon à identifier précisément l’emprise du djihadisme sur la population arabe, sur les braves gens, sur la jeunesse. A la fois plus et moins qu’on ne le croit souvent, et nous incite à distinguer l’endoctrinement direct, le conditionnement addictif et l’influence indirecte. Réfléchir aussi à la condition de la Femme en terre d’Islam, à la fois respectée et soumise ; car la figure centrale du film c’est Aicha la mère.
Quant à la dimension esthétique du film, des dialogues, des interprétations, des images réalistes ou oniriques, elle est remarquable.
3 janvier 2025