2024 07 01 : Le Comte de Monte-Cristo – film

Tout d’abord, il y a les acteurs qui crèvent l’écran : Pierre Niney, inattendu mais sidérant Edmond Dantès, ci-devant Comte de Monte-Cristo obsédé de vengeance ; Anaïs Demoustier est une impeccable Mercédès Herrera et Anamaria Vartolomei incarne magnifiquement une Haydée magnétique. Laurent Lafitte, Bastien Bouillon et Patrick Mille sont des lâches et des traîtres complotistes adorables.

Le scénario mis en images par Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière respecte fidèlement le roman de 1 200 pages d’Alexandre Dumas tout en ne le faisant durer que trois heures ce qui est déjà un exploit, dont on ne s’en aperçoit pas car l’intrigue cinématographique est foisonnante mais rondement menée.

Ce respect absolu du roman haletant et dramatique de Dumas est trop rare pour ne pas être loué (trop de metteurs en scènes « revisitent » d’inepte manière les chefs d’œuvre du passé). C’en est sans doute le meilleur ressort et la plus grande qualité cinématographique. Certains disent que le film « dépoussière » le roman : c’est faire injure à Dumas ou alors ne pas l’avoir lu ! Un autre critique, soumis à l’impérialisme anglomaniaque dominant mais néanmoins détestable, le qualifie de « page-turner » cinématographique, oubliant que l’Académie recommande « accrolivre » ou plus simplement livre captivant et haletant.

Il y a de superbes images, du château d’If, d’autres domaines, d’intérieurs somptueux et de décors naturels splendides… Voici donc un spectacle magnifique pour les enfants.

Pourtant cet opus ne nous fait pas oublier Les Trois Mousquetaires D’Artagnan et Milady auxquels les deux réalisateurs susnommés avaient contribué comme scénaristes. C’est peut-être qu’ils ne sont qu’excellents scénaristes ; leur talent de réalisateurs est plus académique voire pesant.

Enlevez les prouesses techniques, les effets spéciaux (quand on a le budget on ne se refuse rien), les maquillages légèrement trop appuyés, les décors un peu clinquants, les images saisissantes en plan rapproché (un peu trop rapprochés parfois), des dialogues souvent grandiloquents, il ne reste pas énormément d’inventivité, de génie, bref d’inspiration cinématographique.

Plus regrettablement, cette débauche d’images, de bruit, de fureur, de mouvement et de moralisme sans nuances (les bons d’un côté, les méchants de l’autre) nous ferait un peu oublier que Le Comte de Monte-Cristo de Dumas est aussi une longue méditation sur les noirceurs insondables de l’âme humaine, évidentes dans les infâmes trahisons, mais imprégnant tout autant la cruauté tourmentée et presque inexorable de la vengeance.

1er juillet 2024