Averroès et Rosa Parks : si l’on s’attend à voir un film biographique sur l’un, qui fut un philosophe, théologien, juriste et médecin musulman du XIIe siècle, ou sur l’autre, symbole du mouvement des droits civiques au XXe siècle pour avoir refusé de céder sa place à un Blanc dans un bus de l’Alabama, on se fourvoie ; car il s’agit ici d’un documentaire sur deux unités de l’Hôpital Esquirol portant ces noms.
Esquirol, un hôpital psychiatrique de Saint-Maurice en banlieue parisienne ; un film réalisé par Nicolas Philibert : on aura deviné qu’il s’agit de la suite de son documentaire Sur l’Adamant réalisé l’année dernière.
Et quelle suite ! Lucide mais aimante, attentive mais compréhensive, qui nous montre d’abord et avant tout l’humanité des patients, tels que nous, si proches, si semblables, sauf par quelques troubles que la psychothérapie parviendra un jour à gommer.
A condition que soit révoquée la politique suivie hélas depuis quelques décennies et qui ignore les besoins, les nécessités et donc le rôle de la psychiatrie ! Honte aux « responsables » de santé publique qui, à quelque niveau qu’ils se trouvent, participent délibérément ou par lâcheté professionnelle à cet abandon.
Mais je m’égare : car ce documentaire n‘est pas une récrimination ni un brûlot, juste un regard digne et respectueux, intimiste mais à juste distance, sur quelques patients, leur fragilité mais aussi leur volonté de réinsertion, accompagnée et encouragée par la longue patience et l’indéfectible compétence des soignants. Admirable.
23 mars 2024
