J’apprécie très moyennement les films fantastiques, gothiques ou de science-fiction, donc là dans cette salle obscure je m’étais laissé traîner en toute diplomatie culturelle et par bienveillance, bien que j’aie lu dans la presse que ce film de Yórgos Lánthimos conjuguait allègrement ces trois dimensions.
Alors, que je vous explique le scénar qui peut sembler nanar, mais c’est ainsi : à London évidemment, riante patrie de Jack l’Eventreur, le nommé Max McCandless (Ramy Youssef) un étudiant (en médecine évidemment) est nommé assistant du docteur Godwin Baxter (Willem Dafoe), grand professeur réputé (bizarroïde évidemment). Ce dernier demande au jeunot d’étudier de près sa dernière expérience : Bella Baxter (Emma Stone). Le tendre Max tombe amoureux de la créature, fonçant tête baissée dans une kyrielle de pains in the ass comme aurait grommelé Sherlock.
Mais la véritable héroïne du film c’est Bella, magistralement interprétée. Bella, sachez-le a le corps d’une femme superbe, d’une femme enceinte : celui de sa mère qui s’est suicidée ; mais elle a le cerveau du fœtus que cette femme portait, grâce au « savoir-faire » du satanique docteur Baxter si je ne m’abuse.
Alors en maturant cérébralement à une vitesse grand V, Bella épouse précocement Max ; puis se tire à Lisbonne avec un avocat véreux, joueur et légèrement vicieux, Duncan Wedderburn (Mark Ruffalo) ; puis elle se lie d’une vraie amitié avec Harry Astley (Jerrod Carmichael) et Martha Von Kurtzroc (Hanna Schygulla) qui l’initient à la philosophie, et lorsque Harry lui montre un bidonville jonché de bébés morts, Bella veux donner aux pauvres l’argent gagné au jeu par Duncan, sauf que des marins marioles se servent au passage. Alors le capitaine du bateau débarque ses passagers désargentés à Marseille, d’où ils montent à Paris et Bella pour vivre se retrouve dans un bordel, où une prostituée sympa la convertit au socialisme….
Ce n’est pas fini : il reste encore des kilomètres de péripéties et rebondissements, mais je m’arrête là, soufflez un peu !
Non, non, ne croyez pas que je dénigre ou que je persifle : je me suis bien gondolé, car le film est tordant et roublard.
D’excellente humeur, après la séance je me suis arrêté dans mon resto préféré et là, bien au chaud, à l’abri des zombies, des aliens et de toutes autres créatures recérébrées, je me suis tapé en apéro une Bloody Mary, avant un petit soufflé à la cervelle, un délicieux canard au sang sur Côte de Nuits bien sombre, puis une tendre Mignonne de Vendée et enfin une délicate mousse à l’orange sanguine. Une tuerie !
20 janvier 2024