La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s’est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers [1] appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.
Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne [2] regret des chimères [3] absentes.
Du fond de son réduit [4] sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson ;
Cybèle [5], qui les aime, augmente ses verdures,
Fait couler le rocher et fleurir le désert [6]
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L’empire familier des ténèbres futures.
Georges Chelon 1997

Jacques Callot La marche des bohémiens