2021 07 24 : Onoda, 10 000 nuits dans la jungle – film

On a souvent lu et vu des romans et films inspirés de ces faits réels devenus symboliques d’un patriotisme nippon jusqu’auboutiste : en 1945 le Japon vaincu, au bord du gouffre atomique qui deux fois l’a déjà frappé, doit capituler et accepter une reddition sans condition ; mais sur quelques ilots du Pacifique, un ou des groupes de militaires imprégnés de l’idéal belliciste qui les a structurés vingt ans durant, ne sont pas informés, ou ne veulent pas l’être, ou ne peuvent le croire, et se maintiennent en position de belligérants des années durant.

Sauf qu’ici, sur ordre d’un mystérieux Major Taniguchi (Issei Ogata), le jeune officier Hirō Onoda (Yûya Endô puis Kanji Tsuda) qui est loin d’être un belliciste kamikaze, est chargé de tenir une île des Philippines durant… 10 000 nuits. Soit environ trente ans pour ce soldat qui ne peut donc concevoir la paix puisqu’elle n’est pas dans son lexique autorisé.

On nous dit que l’histoire fut vraie. Sans doute, mais l’essentiel est la dimension vertigineuse et fantomatique du film.

Le réalisateur Arthur Harari nous livre ici un film déroutant, car loin d’emprunter les facilités exotiques des précédents, c’est un Français qui n’est habité ni par la dimension du film de guerre traditionnel, ni par un patriotisme japonais de deuxième main, mais par la portée universelle et métaphysique d’une réflexion qu’il met en scène admirablement.

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Une méditation obsédante sur l’enfermement métaphysique, le cercle infernal spirituel quasi-mystique, la fascination aveugle d’un homme qui ne peut accepter, ni même imaginer un instant l’effondrement de ses principes immuables.

24 juillet 2021

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