Pour celles et ceux qui ne connaissent pas la banlieue pauvre du 9-3 comme moi, je recommande ce film, car le sujet est trop souvent mal traité, soit par manichéisme soit par angélisme.

Ici rien de tel, car Ladj Ly livre un premier film impressionnant de maîtrise cinématographique et de puissance narrative du propos, qui se déroule dans le quartier où il a vécu, ce qui explique sa véracité.

Un policier de province, Stéphane (Damien Bonnard) est affecté à la BAC de Montfermeil. Il commence à faire équipe avec deux flics expérimentés, Chris (Alexis Manenti) et Gwada (Djebril Didier Zonga).

Il se trouve immédiatement plongé au cœur des rivalités, tensions et bagarres entre les différents groupes et bandes. Chaque interpellation est périlleuse car les jeunes du quartier battent le rappel pour les intimider ou les caillasser…

Issa (Issa Perica) et Buzz (Al-Hassan Ly) sont deux exemples de ces adolescents à la dérive.

Ce film réaliste, puisqu’en partie tirée d’une histoire vraie, montre combien la situation est désespérante, tous les flics ne sont pas des brutes, tous les jeunes ne sont pas des gentils, tous les islamistes ne sont pas des salopards, les habitants de ces banlieues abandonnées sont des braves gens apeurés et désemparés.

Mais surtout il avertit que la violence, les détestations, les médiocres conditions d’intervention de la police, la colère sociale qui gronde, signent l’échec de toute un politique depuis des années et constitue une bombe à retardement.

Les Misérables est un état des lieux implacable qui donne à réfléchir, tant qu’il en est encore temps.

26 novembre 2019