2019 09 02 : Une fille facile – film

Je n’avais pas trop envie d’aller voir ce film, craignant un Chamallow sirupeux-poisseux. Et Zahia Dehar , du très loin que j’avais suivi ses pérégrinations escorteuses, je la savais agile en péripatétique, un peu moins en posture pathétique, et encore moins accorte aristotélicienne… Bref je l’imaginais sortie du même créationnisme médiatique que Nabilla Benattia la cabotine.

Eh bien, j’avais 0/20 quant à cette sotte prévention confondant dans le même dédain Zahia et Nabilla. Car si l’on écarte (façon de parler) leurs avantages pectoraux augmentés ou non (car une polémique fait rage quant à la contexture 100% naturelle de ceux de la première), sans tartufferie aucune croyez-le bien, je dirais que tout les sépare et les distingue.

Car si Nabilla n’est apparue sur les écrans dans des télés faussement réalité qu’à la faveur d’un encéphalogramme aussi plat que son buste ne l’est, et n’a signé qu’un bouquin qu’elle n’a pas écrit, Zahia, elle, est une véritable actrice de vrai cinéma.

Car le film de Rebecca Zlotowski est un vrai film.

Si je résume l’intrigue : une adolescente, Naïma (Mina Farid) profite d’un bel été de vacances à Cannes avec sa cousine Sofia (Zahia Dehar), vous allez préjuger, comme je le fis, que c’est une bluette sans nuage comme le ciel de la Côte, une futilité faisandée comme la Croisette, illusoire comme l’ostentation qui s’y étale à l’envie de gogos peu argentés.

Et vous aurez aussi faux que je l’eus avant de le voir.

Car voici un film féministe. Certes pas à la manière d’un manifeste philosophique, nullement sous forme d’une démonstration articulée et intellectualisée.

Mais le féminisme n’en est plus là justement : il n’a plus rien à prouver, il a gagné la bataille des idées, il a conquis sa liberté, il a affirmé sa puissance. Il lui reste encore à faire le ménage dans les recoins crasseux où le machisme sordide s’incruste et là où les stéréotypes, comme les diplodocus, ne se résignent pas à s’éteindre.

Il lui reste à dépeindre subtilement, touche par touche, combien la vie des femmes libérées est riche et diverse, à la fois radieuse et sérieuse, paisible et passionnée, pudique et impudique, gracieuse et réfléchie, sensuelle et cérébrale…

Ce que fait superbement la réalisatrice ; son vigoureux propos sociologique et radicalement politique est d’autant convaincant qu’il reste discrètement à l’arrière-plan, en douceur, en finesse, mais avec une légère pointe de cruauté.

Dans ce film, les acteurs sont en harmonie avec le dessein de l’auteure, y compris les « seconds rôles » masculins (Benoît Magimel et Nuno Lopes), Mina Farid est captivante, mais surtout Zahia Dehar qui est, je pèse le mot, une révélation.

2 septembre 2019