2019 06 15 : Un havre de paix – film

Ne vous y trompez pas : car moi, ayant lu dans un journal gratuit débile que le film racontait l’histoire de trois frères Israéliens confrontés à la nécessité de rejoindre la frontière libanaise où une nouvelle guerre vient d’éclater, j’ai failli ne pas aller je voir, craignant d’assister à un plaidoyer vindicatif en faveur du « pacifisme » guerrier d’Israël. Mais l’affiche m’a évidemment mis le doute.

Et en effet non ; le titre du film n’est certes pas à saisir au premier degré, mais je vous laisse le soin de le comprendre.

Il s’agit donc de trois frères : Avishaï le benjamin (Micha Rozenkier), Yoav le cadet (Yoel Rozenkier) et Itaï (Yona Rozenkier) l’aîné. Ils se trouvent inopinément réunis dans le kibboutz de leur enfance pour les obsèques de leur père lorsque la menace de nouvelle guerre surgit.

Avishaï est donc mobilisable sous 48 heures, mais la réaction de ses deux frères, qui ont été militaires, est diamétralement opposée : Itaï est fier qu’il parte se battre et s’endurcir enfin, Yoav l’adjure de déserter.

Ce pourrait être un huis-clos familial comme on en a tant vus ; mais le film élargit son propos à la dimension intemporelle et essentielle de la guerre, de sa nécessité réelle ou supposée, de son absurdité intrinsèque, de son impact dévastateur sur le psychisme du guerrier lui-même, et il nous donne à réfléchir non seulement à cet enlisement d’Israël dans un perpétuel conflit, mais à la désastreuse propension guerrière qui est universelle.

Ce pourrait être un film bien lourdaud, bien raisonnant, moralisateur et surtout démoralisant, mais non, la drôlerie affleure avec la sensibilité, la finesse et la douceur.

Le cinéaste ? Yona Rozenkier, car il est à la fois acteur et réalisateur du film, et c’est son premier film, et vous l’aurez deviné les trois frères dans la fiction le sont aussi dans la vraie vie, et le kibboutz où il se déroule est celui où ils ont grandi.

15 juin 2019

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