2019 05 09 : Lourdes – documentaire

Vous me voyez, moi qui n’ai aucune attirance pour les cultes comme institutions, aller joindre les mains dans une salle où passe un film sur les pèlerinages de Lourdes ?

Vous me voyez, moi qui suis d’un rationalisme irréfragable, m’illuminer devant la description des miracles de la grotte ?

Vous me voyez me pâmer, moi qui suis allé 5 fois en réunions ou reportages professionnels au centre hospitalier de Lourdes et ai donc déambulé dans ses rues de cul-cultes infestées de God-shop et Virgin-show, plus nombreux et plus lucratifs que les sex-shop et peep-show du Pigalle des années 90 ?

 Vous me voyez m’extasier, moi qui sait – parce que j’ai vu – que les cierges de dévotion onéreusement acquis et pieusement allumés par les pèlerins crédules, certifiés selon leur taille pour brûler 3, 6, 9 jours, 2 semaines ou un mois, choisis en proportion de la gravité du mal à miraculer ou de la noirceur des péchés à expier… sont ramassés chaque nuit pour être refondus à la Ciergerie lourdaise du Douste qu’on dit Blazy ? (1,5 M€ de chiffre d’affaires)

† Vous me voyez, moi, dans une salle obscure pour m’auréoler de cette lumière pseudo-divine, des spots et des enseignes néon et led des marchands du temple ?

Ce film est sorti le 8 mai. Le 9 mai j’étais en salle au 5ème rang (à gauche quand même) en dépit que Télérama, Le Figaro, La Croix et autres organes culturels-cultuels aient encensé ce brûlot sacerdotal…

Attiré comment et par qui dans cet antre ecclésiastique, je ne vous le dirai pas.

Mais voilà un documentaire épatant ! Oui-da, je persiste et signe, et si vous ne me croyez pas, allez-y donc le voir et vérifier que je ne suis pas victime d’un envoutement hélas plus fréquent avec l’avancée en âge.

Epatant parce que les réalisateurs Thierry Demaizière et Alban Teurlai nous montrent d’abord et surtout une humanité ardente, hommes, femmes et enfants modestes ou pauvres, fragile mais espérante, et des accompagnants et bénévoles patients, dévoués et désintéressés.

Epatant parce que c’est filmé, choisi et monté avec une totale pudeur et un respect irréprochable de la dignité des pèlerins.

Epatant parce que le propos, subtilement, sobrement, distingue la miraculosité improbable, les dogmes religieux contraignants, les sermons édifiants… de la libre et irréductible foi.

Epatant parce que l’image est belle, comme on la voit rarement dans ces documentaires dévotement inesthétiques.

Ensuite, rassurez-vous, pour me rincer le cœur et purifier l’âme, je m’en fus au bistrot de la place de Clichy me jeter un petit blanc sec… et pas du vin de messe !

9 mai 2019