2018 12 31 : Rétrospective de l’année qui s’en va

Ah 2018 ! Ce millésime s’annonçait pourtant bien, avec notre Pays de cocagne enfin remis En Marche vers un Monde Nouveau

On allait gentiment commémorer mon Mai 68 à moi :

Avec Monsieur Daniel Cohn-Bendit dans le rôle de Monsieur Loyal – culotte de peau et Monsieur Éric Zemmour dans son personnage favori de l’Auguste Paillasse.

Moi j’avais réservé à l’avance une mirifique croisière vers les célébrissimes îles grecques :

Santorin bien sûr, et puis Zakynthos, Mykonos, Ikaria, Skyros, Gavdos, Milos, Céphalonie et pour finir Corfou…

en me privant de Lesbos, Rhodes, Samos, Kos, Leros et Chios, hélas autant infestées de réfugiés, me dit Mr Thomas Cook, que la Réunion l’est de requins.

Prémonition ? Aucune.

Je l’avoue je restais zen grâce à ma fréquentation assidue des Buddha Bars.

Je n’avais nullement pressenti que 2018 serait ‑ pour nos importants gouvernants en tout cas ‑ non pas un cabotage paradisiaque dans les sublimes Cyclades, mais un naufrage de Charybde en Scylla.

Au début, tout alla bien ; après 4 mois de stop and no go, les cheminots furent aiguillés sur une voie de garage.

Il n’y eut pas le moindre pépin car Pépy sut se taire ou fut tu.

La cheffe de gare–ministre Élisabeth Borne retrouva son sifflet avec d’autant plus de plaisir que d’aucuns dans les allées amicales du pouvoir avaient tenté de le lui couper.

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Le Président pouvait continuer à exécuter à l’allure d’un TGV non perturbé le programme qu’il avait longuement exposé devant les Francs-Maçons deux ans plutôt. Bien avant donc d’être candidat déclaré.

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Certes l’Hôpital public sombrait, mais qui le remarquait vraiment au ministère ?

Les EHPAD publics s’effondraient dans la maltraitance institutionnelle, mais qui en haut lieu s’en souciait ?

Les comptes de la sécurité sociale allaient être rétablis et cela seul comptait.

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Certains sondages pourtant auraient dû interpeller les gouvernants ; mais non, ils furent ignorés par leurs obligés médias et tus par leur commentateurs bonimenteurs.

Et puis ce fut l’apogée ‑ que dis-je l’acmé ‑ de la coupe du monde de football remportée par l’équipe de France, à ce titre baladée quelques minutes furtives sur nos Champs-Elysées, pour être des heures durant cajolée par de savants communicants chez le Président.

Champs-Elysées qui quelques mois plus tard allaient sauvagement se venger, mais cela nul alors ne le savait encore…

Or voilà-t-il pas que surgit Alexandre Benalla ? Simple caractériel castagneur, croyait-on d’abord, minable lâche aimant se défouler sans risque, bien protégé par deux ou trois amis casseurs-provocateurs arborant comme lui illégalement le brassard officiel.

Sauf que, pour un membre du premier cercle présidentiel, quand même, ses chocs de petite frappe choquèrent un peu l’opinion.

D’autant qu’au fil des révélations et des auditions parlementaires, Alexandre le Petit se révéla de moins en moins une canaille sympa et plutôt une racaille arrogante.

Printemps pourri, donc, pour le Président ; et l’été ne fut pas terrible car les indicateurs économiques restaient moroses.

Moroses… pas pour tout le monde, puisque les données maladroitement publiées par les instituts statistiques (incontrôlables ou boutefeux, on ne sait) révélaient que pour les 1% ou 0,1% les plus riches, tout allait En Marche dans le meilleur des Nouveaux Mondes.

La rentrée fut assombrie par deux départs ministériels inattendus : dans les larmes pour le sentimental attardé Nicolas Hulot ; avec un rictus satisfait pour son excellence sénilissime Gérard Collomb.

Néanmoins les sondages de plus en plus défavorables au Président semblaient s’accommoder d’une passivité résignée face aux « impératifs financiers incontournables » et donc ce Président de la page blanche pouvait superbement ignorer l’histoire de France.

Si bien que lorsqu’apparut en octobre sur les réseaux sociaux un mouvement de protestation s’affublant baroquement des Gilets Jaunes de la sécurité routière, il fut accueilli par le dédain quasi général des sachants médiatiques, des experts politiques et des décideurs politiques.

Le Monde, BFM-TV, 20 Minutes, FranceInfo, RTL, LCI et CNews se signaleront au début par leur mépris de ces beaufs populistes, pas même dotés d’un intellectuel de renom… A ce jeu, Nathalie Saint-Cricq et Ruth Elkrief remportent le pompon, car hélas le féminisme ne peut tout excuser.

Alors, la suite ? La violence qui sous-tend et accompagne presque tout mouvement social, oui je l’ai vue venir. D’abord dans les mots, dans les quartiers populaires en premier lieu.

Puis des paroles de haine, oui j’en ai entendues, j’en ai lues, dans les bastions du luxe et de l’aisance ; slogans intolérablement violents que je n’ose récrire ici, voyez un peu :

CRS, qu’est-ce, qu’est-ce ? Surpris et décontenancés techniquement, tactiquement, nos policiers suréquipés dernier cri, tuninged à outrance, ne purent rien contre les débordements qui dévastèrent un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, les beaux quartiers aragonesques qui n’avaient jamais connu que des rassemblements sportifs ou d’allégeance au Président de Gaulle (50e anniversaire de Mai 68, décidément, Général nous voilà !)

Le mouvement s’étendit, se répandit, inonda la France entière, bloqua chaque rond-point, gagna le Pays dans ses profondeurs ; les hordes de gilets jaunes envahirent même les campagnes les plus reculées.

Et nous voilà ce soir, « Nous vivons une époque vulgaire, immonde, soumise au règne de l’argent et de la télévision. » disait Alain Georges Leduc ; sauf que là ce n’est pas un roman excessif mais la réalité vécue et le bilan clamé par des millions de citoyens auparavant modérés.

Dernier soir de l’année terrible, insoutenable même : regardez en face, si vous le pouvez, l’épouvantable contraste entre ces deux photos prises à six mois d’intervalle à peine…

Annus horribilis : sans aucune allusion à Benalla 2 – le passeport diplomatique, c’est vraiment ainsi qu’il faut la nommer, cette année 2018, pour notre Jupiter peu jovial ce soir sur son Olympe éjectable, abandonné des haruspices…

Bon réveillon quand même à vous, amies, amis, et à bientôt j’espère !

31 décembre 2018