Nous sommes en 1792, juste avant l’Année terrible. Bien loin de l’effervescence révolutionnaire parisienne : dans un couvent de l’arrière-pays niçois (c’est la raison qui m’incita à aller voir ce film).
Dans ce couvent (à Lantosque, Saorge, Sospel ?) Gabriel, un jeune moine (Quentin Dolmaire), est soudainement confronté au nouveau monde, puisque les lieux sont réquisitionnés pour le casernement de troupes révolutionnaires.
Tout au long du film, je ne pus m’empêcher de songer que le réalisateur Clément Schneider s’était sans doute peu préoccupé de vérité historique : d’abord parce que l’arrière-pays niçois début 1792 appartenait au royaume de Sardaigne depuis 500 ans, que les habitants, moines, laïcs, paysans, instituteurs, n’y parlaient pas français et que les dialogues entre soldats et moines auraient donc été problématiques.
Et que dès novembre 1792 les barbets s’opposèrent vigoureusement, violemment et durablement à la Révolution, aux troupes républicaines puis impériales.
Passons : le propos du film n’était manifestement pas d’être une fresque historique mais une méditation philosophique.
Alors donc Gabriel le gentil moine découvre brusquement une jeune femme mutique (Grace Seri) qui accompagne la troupe : prénommée Marianne, pour qu’on comprenne bien qu’elle symbolise la République intruse et envahissante mais séduisante.
J’ironise un peu ; néanmoins l’image du film est superbe, le propos poétique et utopique est captivant, la symbolique intemporelle est intéressante et les tourments du petit moine, déchiré entre l’ancien monde et le nouveau sont émouvants.
Clément Schneider débute, ce n’est que son deuxième long métrage ; nous pouvons donc espérer qu’un bel avenir de réalisateur est devant lui.
Quentin Dolmaire est un bon acteur…
et surtout Grace Seri est magnifique.
27 décembre 2018
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