Philippe Faucon est vraiment un homme tout en délicatesse et en pudeur. En justesse de ton servie par une image très cadrée.

Le banal sujet qu’il a retenu le nécessitait : un travailleur Africain en France, en proie à la solitude et au déracinement, noue une liaison avec une belle blonde. On imagine comment ce thème aurait pu être traité, entre sirop érotico-romantique, dissertation moraliste sur l’acculturation du travailleur immigré ou pamphlet politique sur les ravages de l’immigration.

Mais là, nous avons une peinture simplement émouvante parce que réaliste, sans débordements d’effusions, respectueux de la noblesse des deux personnages qu’il nous livre :

Amin (Moustapha Mbengue) bosse en France depuis neuf ans. Il travaille dur et ses seules relations sont les collègues qui résident dans le même foyer de travailleurs.

Au Sénégal vivent sa femme Aïcha et leurs trois enfants. Ils ne se voient qu’une ou deux fois par an. La séparation est difficile à vivre, mais la paie d’Amin fait vivre toute la famille.

Amin est un homme de devoir et de retenue, mais la vie parfois bouscule les principes solidement ancrés : un jour il rencontre Gabrielle (Emmanuelle Devos) et une liaison survient. Amourette ? Ce n’est pas un pur bonheur, entre problèmes de langue, de culture, de remords.

Un très beau film qui révèle la maîtrise d’un cinéaste économe de ses effets : le plus difficile en somme.

9 octobre 2018