C’est dingue quand on y pense ! J’estimais m’être au fil des décennies bien entouré, avoir maturé lentement le cercle de mes intimes et la constellation de mes amis, collègues, consœurs, confrères et relations. Et un jour, inopinément, sur un point mineur voire véniel, je m’aperçois qu’il n’en est rien !
Je croyais dur comme fer que parmi mes 356 amis Facebook, 176 abonnés Tweeter, 601 suiveurs LinkedIn, 89 lecteurs Tumbler, 440 followers Instagram et 187 visiteurs quotidiens du présent site (le total est supérieur à 1 000 en raison des doubles voire triples comptes) il n’y avait que des personnes fiables et de confiance.
Je veux dire mécréantes constantes, agnostiques sympathiques, athées confirmées, sceptiques drolatiques, irréligieuses malicieuses ou nietzschéennes à l’ancienne.
Hélas non ! Loin de là ! A l’occasion anodine de trois récentes publications, l’une sur The big apparition ! la deuxième sur Étymologie sacrée et la plus ancienne sur Antonello de Messine, je fus assailli, que dis-je submergé et donc accablé de messages de félicitations mystiques, d’apologies et même de témoignages de pieuse affection.
Alors je demande grâce, m’incline un genou en terre, me signe et me prosterne ; et puis hélas… je récidive.
Bien involontairement. Mais je dois à tous et à chacun la relation d’une vérité, d’un fait réel avéré, quand bien même cela conduirait les plus exaltés à engager une procédure en reconnaissance de miracle devant le Magistère de l’Église catholique, comme il vient d’en aboutir une récemment. Moi ce ne fut pas à Lourdes il y a dix ans, mais en Italie à Sienne il y a quinze jours.
Très précisément à l’oratoire supérieur du Sanctuaire Sainte-Catherine, oratorio della cuccina, camera parete del Santuario di Santa Caterina, que j’allais visiter, je tiens à le préciser formellement, non dans le dessein d’y déposer un cierge ou débiter une supplique, mais agnostiquement d’y contempler une vingtaine de tableaux renommés dans toute la Toscane, l’Italie et même le monde entier, celui des esthètes en tout cas.
Et pour parvenir à ce fichu Santuario puis accéder à cet Oratorio Superiore, diablement Superiore, il faut grimper des marches, encore des marches, beaucoup de marches ; et c’était après un déjeuner à la Taverna di San Giuseppe, « Un cucina che abbina lo spirito tradizionale dei migliori prodotti del territorio con la rivisitazione moderna » mais un peu copieuse quand même ; alors sans être un Calvaire le gravissement n’était pas un gai ravissement.
Tant et si bien que je songeais (à vrai dire je maugréais) en incurable matérialiste moderniste, je m’égarais à songer à Sema, Acorn, Vimec, Stannah, e tutti quanti. Non, ce ne sont pas des personnalités notables de Sienne, ce sont ces machins-là :
Je parvins cependant, à la seule ressource de mes jambes flageolantes mais secourables, au Sanctuario, puis à l’Oratorio, puis à la Camera et enfin devant les tableaux d’Alessandro Franchi et de Gaetano Marinelli…
Et dans un vertige illuminé, face à La Madre di santa Caterina vede la figlia salire le scale sospesa, alors là oui le miracle m’apparut, dans son évidence aveuglante :
17 février 2018