Ma récente parabole mystique et même christique ayant beaucoup impressionné les mécréants qui hélas m’entourent en se targuant d’être mes amis, voici donc une nouvelle chronique pour étancher leur soif rédemptrice.
Ont-ils lu au moins, dans leur vie, trois pages de la Bible ? Et pas seulement le Nouveau testament qui se dévore en un seul voyage TGV Paris – Lourdes, mais l’Ancien Testament ? Ça c’est du lourd ! Moi je l’ai lu deux fois, intégralement !
Alors je vais combler un bon peu votre ignorance et assouvir un instant votre appétence en vous contant l’histoire de Pero et Cimon qui est attestée par les plus grands auteurs romains : Valère Maxime, Pline l’Ancien, Solin, Festus ou encore Hygin.
Le catholicisme, sachant intelligemment s’adapter aux antécédents culturels des peuples qu’il convertissait, syncrétisa à tour de bras et sut recycler cette histoire en la baptisant Carità Romana.
De quoi s’agit-il ?
En ces temps cruels d’avant que Rome se rallie à J-C, un vieil homme de bien, Cimon, fut emprisonné et condamné à mourir de façon atroce : ni nourriture ni boisson. Sa fille, non moins noble, Pero, venait le voir chaque jour, fouillée bien sûr pour vérifier qu’elle ne lui apportait rien. Et, dans l’ombre du cachot, pour sauver Papa, Fifille lui donnait le sein (ce qui peut-être 1 800 ans plus tard inspira la Brave Margot à Brassens).
Comme Cimon ne mourrait pas, on surveilla Pero et la chose fut découverte. Mais les juges, émus, décidèrent alors de libérer le prisonnier.
Voilà pourquoi, 19 siècles et trois civilisations plus tard, lorsque l’un de nous est assailli d’une soif incoercible, il s’écrie : Ah ! Pero !!
Ce bel exemple de piété filiale m’est revenu à l’esprit lorsqu’avant-hier, à Perugia, au détour d’une salle de musée je tombai sur un tableau de Giovanni Domenico Cerrini intitulé justement Carità romana.
30 janvier 2018