2015 12 09 : Italie, mon autre patrie

De toujours j’ai ressenti (indistinctement d’abord, très clairement ensuite) l’Italie comme mon autre patrie.

Mais peut-on invoquer une patrie lorsqu’on se considère, comme je le fis dès l’âge où je lus Victor Hugo, un citoyen de l’Europe, ou du Monde (de l’Univers peut-être… mais j’attends sur ce dernier périmètre d’être plus précisément informé) ?

Oui, je l’emploie sans hésitation, le mot patrie (j’eusse préféré matrie mais le concept en français n’existe pas ; en anglais il y a le magnifique Motherland qu’a su utiliser pour l’un de ses CD la magnifique pianiste Khatia Buniatishvili). Je le revendique, le terme patrie, car pour moi il signifie d’abord et surtout le rattachement intime à un patrimoine culturel et humain.

S’agissant du patrimoine italien, je n’ai évidemment que l’embarras du choix : je pourrais évoquer sa peinture, sa sculpture, son architecture, ses paysages, sa littérature, que je chéris aussi intensément que celles de mon pays natal.

Pourtant mon sentiment irrépressible d’appartenance culturelle transalpine se porte en premier lieux sur la musique. On me dira que, dans ce domaine, l’embarras des sujets d’admiration est déjà immense, du grégorien au baroque, du chant à l’instrumental, des concertos aux opéras… Cependant mon émotion la plus intense provient de chansons populaires, napolitaines ou romaines, anciennes ou contemporaines.

Je ne vais évidemment pas toutes les citer.

Alors en voici une qui me fait vibrer depuis des décennies : la reprise par Domenico Modugno en 1973 d’une vieille chanson des Abruzzes : Amara terra mia. C’est la complainte de l’Italien contraint d’émigrer et donc de quitter sa terre amère :

Puissent ceux qui détestent les immigrants qui viendraient par choix envahir notre pays et voler nos emplois être un peu sensibles à la douleur exprimée dans cette chanson.

9 décembre 2015