Julian Tuwim (1894-1953) fut un poète polonais très tôt reconnu dans son pays.
Son premier recueil, En guettant Dieu, fut publié en 1919. Chef de file du courant littéraire Skamander qui a renouvelé les lettres polonaises entre les deux guerres, il a vécu à la fois au centre de l’actualité littéraire et en marge de la vie sociale : homme de gauche et Juif dans la Pologne catholique et réactionnaire avant la Seconde Guerre mondiale, en exil durant celle-ci, mal à l’aise dans la Pologne stalinienne, il se réfugie dans des activités multiples.
Traducteur, homme de théâtre, humoriste, parolier des chanteurs et des chansonniers, auteur de poèmes pour enfants, Tuwim reste dans les mémoires comme un grand poète lyrique, capable de chanter à la fois l’amour de la vie et l’angoisse de vivre.
Un poète d’une pure simplicité, jugez-en par exemple à ce court poème :
OGRODY SZPITALNE
Uchwyć tę dziwną chwilę, tę niewysłowioną,
Co zwykle po południu schodzi na ulicę
W dni święteczne — i żale cię drżące owioną,
I poczujesz niezmierną w swym sercu tęsknicę.
Zobaczysz nudę ludzi i ulic zwątpienie,
Niepokój zbytniej ciszy, żal słow pożegnalnych,
I zbudzi się w twej duszy łagodne znużenie :
Ewangeliczny smętek ogrodów szpitalnych.
…Dzwoni gdzieś jednostajny, monotonny dzwonek,
Na drzewach nagich — gniazda samotnych jaskólek,
Wdowie smutki, apatia, sieroty z ochronek,
Ktoś nieladny w żalobie i starców przytulek…
Uchwyć tę dziwng chwvilę… Ludzie siedzą w domu,
Ulice suche, czyste… Gdzieś śpiew niewesoły
I taki smęt poczujesz, nie znany nikomu,
Jak uczeń, co ostatni wychodzi ze szkoły.
Bien sûr vous voudrez la traduction ? La voici :
JARDINS D’HÔPITAL
Essaie de saisir ce trouble inexprimable
Qui descend sur les rues dans les après-midi
De dimanche — et voici que la tristesse t’ensable,
Et qu’il te vient au coeur d’immenses nostalgies.
Tu sens le doute des ruelles, l’ennui des gens,
Le regret des adieux, le silence anormal ;
Et peu à peu une douce nostalgie te prend :
Le calme évangélique des jardins d’hôpital.
Une clochette mate, monocorde retentit,
Les arbres nus, le vol d’hirondelles solitaires,
Veuvage, orphelins de l’asile, apathie,
Quelqu’un de laid en deuil, hospice de vieillards…
Saisiras-tu ? Les gens restent dans leurs maisons,
La rue est propre, sèche… un chant sans joie s’envole…
Et tu es pris d’une tristesse sans raison,
Comme l’enfant qui sort le dernier de l’école.
Pour tous les hommes de la terre
Julian Tuwim
édition bilingue de poèmes choisis, traduits et présentés par Jacques Burko
1993 – 125 pages
Orphée – La Différence
(en vente à la Librairie Polonaise
123 bld Saint Germain 75006 PARIS
01 43 26 04 42)
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