Simenon, l’un des plus grands romanciers du XXe siècle, avait à l’évidence une exécrable opinion des juges d’instruction : dans chacun de ses romans où l’un de ces magistrats apparaît, le personnage est minable.
Dans Signé Picpus, le commissaire Maigret doit supporter un jeune juge (pas même dénommé) qui traite avec commisération ce vieux balourd de commissaire.
Dans Maigret a peur, c’est Chabot, un juge en fin de carrière, qui a peur de tout et se tétanise sans jamais prendre aucune décision.
Relisant ces romans, chaque fois me revient à l’esprit cette réflexion de mon père, qui fut Résistant et ensuite, professionnellement, connut bien des flics et des juges : il estimait que si seule une minorité de policiers avait refusé la collaboration avec les nazis, au moins cette minorité exista ; tandis que dans la magistrature…
Mais la justice n’est qu’une administration, comme une autre ; indépendante du pouvoir politique, si l’on veut, mais pas de sa propre hiérarchie. Et donc l’arrivisme y sévit, avec toute sa collection de calculs, hypocrisies et manœuvres, comme dans la fonction hospitalière directoriale à laquelle j’appartins durant trente ans.
3 août 2015