2015 02 17 : Mommy – film

Xavier DolanJe ne connaissais pas ce réalisateur, Xavier Dolan-Tadros, un Québécois de 25 ans (Mommy est déjà son cinquième long métrage !). Je ne m’étais pas davantage intéressé à ce film lorsque lui fut décerné le Prix du Jury à Cannes en 2014. J’ai donc failli passer à côté et ne serais sans doute pas allé le voir sans une incitation bienvenue.

Quel choc ! Le mot ici n’est pas trop fort.

Dans un Canada du futur proche, une nouvelle loi autorise les parents d’enfants très difficiles à confier ceux-ci à une institution d’État de type hôpital psychiatrique pour mineurs.

Anne Dorval2Dans ce contexte, Diane (Anne Dorval), veuve d’une quarantaine d’années habitant la banlieue de Montréal, récupère la garde de son fils Steve (Antoine-Olivier Pilon), un adolescent souffrant d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), car il vient d’être expulsé pour comportement irresponsable et dangereux du centre de rééducation dans lequel il avait été placé peu de temps après la mort de son père.

Antoine Olivier PilonLa mère et le fils forment un duo explosif – mélange instable d’amour, de violence, de tendresse et d’insultes – que va venir compléter leur voisine Kyla (Suzanne Clément), professeur du secondaire en congé sabbatique suite à un drame dont elle garde un bégaiement handicapant.

Tous trois trouvent alors une forme d’équilibre précaire (Kyla donnant des cours de rattrapage à Steve, tandis que Diane effectue des ménages pour assurer la survie financière de la maisonnée) et même un certain bonheur. Jusqu’à ce qu’un huissier délivre un jour à la mère une mauvaise nouvelle.

Suzanne ClémentLa force du film est d’abord dans son scénario, tiré non d’un fait glorieux, d’évènements ou de personnages exceptionnels, mais d’une situation hélas banale et de héros de notre vie quotidienne, ceux que nous croisons tous les jours dans notre quartier ou notre métro.

Paradoxe que je ne m’explique toujours pas trois mois après l’avoir vu : alors que le récit suit inexorablement un mouvement désespérant et décrit cruellement une lutte vouée à l’échec, j’en suis resté à l’idée qu’il porte non seulement un témoignage d’amour mais aussi un message d’espérance.

Certains critiques ont parlé de dialogues « outrés » ou « hystériques » : c’est qu’ils ne connaissent sans doute pas l’exacerbation réelle de ce genre de relations.

Esthétiquement, le film est  splendide, il a la particularité d’être tourné en format d’image carré 1:1 qui contribue à l’ambiance d’enfermement dans la fatalité, sauf à certains moments où l’avenir semble s’ouvrir et les personnages s’évader de leur condition.

17 février 2015