2013 12 12 : Jack London, un visionnaire progressiste

A tout âge, y compris au mien, on peut non seulement découvrir des auteurs ignorés (il y en a tant de par le vaste monde de la littérature !) mais redécouvrir des écrivains desquels on gardait un souvenir inexact ou partiel et partial. Cela m’est arrivé ces dernières années pour La Fontaine (grâce à Luchini), pour Colette (grâce à La Pléiade) ou encore Moravia (grâce à Mille & une pages – Flammarion).

jack-londonMais Jack London ! Cet auteur américain (1876-1916) était pour moi l’archétype de l’écrivain-voyageur, du littérateur prolixe, un peu facile et à succès (d’origine très pauvre, il fit fortune avec ses romans et nouvelles). Je ne le connaissais que pour L’appel de la forêt, Martin Eden, Les Contes des mers du sud et bien sûr Croc-Blanc. J’ai lu tout cela dans mon enfance et mon adolescence, c’était évidemment passionnant mais je n’avais pas envie d’y revenir.

Et puis, par hasard, j’ai découvert récemment que dans la collection Bouquins le tome 6 de l’œuvre de London comporte des écrits politiques dans lesquels il stigmatise, en termes plus réalistes et révoltés qu’un Zola, la dureté de la société capitaliste du début du XXe siècle. Dans Le jeu du ring, Les Temps maudits, La Brute des cavernes, il s’attache à décrire minutieusement les conditions de vie épouvantables des villes, les misères noires, l’état d’abrutissement dans lequel on maintient sciemment les masses ouvrières. Pour échapper au désespoir, London rêve d’un retour à une société de nature dans La Vallée de la lune et confraternelle dans Avec vous pour la révolution.

Yion�Œ§úUsi�Œ@Y����Š§úU���Ž�ption-ˆ§úUraMais c’est Le Talon de fer qui est dans ce recueil le roman le plus sidérant : London y prédit (en 1908 !) une guerre entre les USA et l’Allemagne, que les travailleurs des deux continents finiront par stopper, pour créer une République universelle sur les décombres de ces sociétés de profit et d’exploitation… lesquelles durent encore 115 ans plus tard ! Mais London n’a pas tort, amies, amis : l’Histoire n’a pas dit son dernier mot…

 12 décembre 2013