Sort aujourd’hui dans les salles Le Cinquième pouvoir, film américain de Bill Condon… qui aurait mieux fait de s’en tenir à sa puérile saga Twilight-Révélation pour complaire au moins aux Inrockuptibles. Car ce film, que j’ai vu en avant-première au Festival de Pessac il y a dix jours, est à mon avis raté.

Certes le sujet était a priori intéressant : raconter la folle intrépidité de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, et de son bras droit Daniel Domscheit-Berg (narrateur principal dans le film). En rendant publics en 2010 des documents ultrasecrets, ils firent trembler Washington. Et leur site, qui en quelques mois révéla nombre de secrets que les grands médias confortablement installés n’avaient su dévoiler ni publier, a donné un sacré coup de vieux à l’information telle que nous la connaissions.

Le film tente de donner une vision impartiale (du moins pour ce que nous, vulgum pecus, en savons) : qu’Assange est peut-être génial mais caractériel, emporté, narcissique, que sa hâte à publier certains documents a pu mettre en danger de mort des agents US ou leurs informateurs. C’est d’ailleurs pour cela qu’Assange n’aurait pas, mais pas du tout apprécié le film.

Ce que je n’ai pas supporté, moi, c’est le manque de lecture distanciée et politique de cette affaire ; et puis la forme, insupportable : images chaotiques, plans dont aucun de dure plus de 10 secondes, couleurs clinquantes, cadrages rapprochés abusifs et lassants, clins d’œil appuyés au chic et toc en vogue, images esthétisantes des immeubles modernes de la City, de la gare de Berlin et d’autres lieux cosmopolites. Bref tous les tics actuels du film américain à gros budget sont réunis ; ce qui n’a pas empêché le film de faire un flop aux USA.

Heureusement, hier soir, il y avait sur LCP, La chaîne parlementaire, un excellent documentaire : Docs ad Hoc : Wikileaks, enquête sur un contre-pouvoir, de Luc Hermann et Paul Moreira, qui lui nous permettait de comprendre et nous donnait à réfléchir. Posément.

4 décembre 2013