Comment parvenir à un véritable bout du monde ? Suivez attentivement ma recette, très facile mais qui demande simplement un peu de temps. Elle se décompose en effet en cinq phases.
Prenez un vol Paris – Inchéon, de préférence Korean Air Line, par exemple un énorme Boeing 777-300 de 441 passagers ; après 10 419 km et 10 heures 30, vous voici à Séoul (Corée) 10 000 000 habitants ; laissez mijoter quelques heures en rectifiant l’assaisonnement.
Prenez un vol Inchéon – Nadi, de préférence Korean Air Line, avec un bon gros Airbus A332 de 335 passagers ; après 9 349 km et 10 heures 10, vous voici à Nadi (Ile Fiji) 42 000 habitants ; laissez rissoler calmement une poignée d’heures.
Prenez un vol Nadi – Hihifo, de préférence Air Calédonie, affrété d’un délicat Airbus A320 de 150 passagers ; après 978 km et 1 heure 30, vous voici à l’Ile d’Uvea (Wallis) 8 400 habitants ; laissez compoter joliment toute une nuit.
Prenez un vol Hihifo – Vélé, de préférence Aircalin, avec un tout mignon De Havilland DHC6 Twin Otter de 19 passagers ; après 345 km et 1 heure 05, vous voici à l’Ile de Futuna 4 072 habitants, Royaume d’Alo ; laissez confire doucement encore quelques heures en mouillant avec un vin blanc léger pour ne pas dessécher.
Prenez un bateau Vélé – Alofi, de préférence un naturel du pays, par exemple Challenger Aluminium NZ de 6 passagers ; après 3 km et 13 minutes, vous voici à l’Ile d’Alofi,1 habitant. C’est paumé ? Mais pas du tout ! (même si « alofi » en langage vernaculaire futunien signifie « la paume », c’est celle de la main dont il s’agit, sans doute celle du Dieu marin qui a déposé cette merveille à la surface du Pacifique).
Voilà c’est fini :
Votre bout du monde absolument authentique est à point, d’appellation d’origine garantie, car il est formellement établi qu’Alofi est, de toutes les terres françaises, la plus éloignée de Paris (16 252 km en ligne droite) ; dégustez sans attendre davantage. Vous m’en direz des nouvelles… si vous revenez ! Car le plus difficile est de ne pas laisser s’attacher.
12 août 2013