2010 08 13 : Le crépuscule d’une idole – L’affabulation freudienne (Michel Onfray)

Enfin !

Comme d’habitude, Michel Onfray n’y va pas par quatre chemins : il proclame que le freudisme et la psychanalyse reposent sur une affabulation de haute volée appuyée sur une série de légendes.

Freud méprisait la philosophie et les philosophes, mais il fut bel et bien l’un d’entre eux, auteur subjectif d’une psychologie littéraire.

Freud se prétendait scientifique. Faux : il avançait tel un « Conquistador » sans foi ni loi, prenant ses désirs pour la réalité.

Freud a extrait sa théorie de sa pratique clinique. Faux : son discours procède d’une autobiographie existentielle qui, sur le mode péremptoire, élargit son tropisme incestueux à la totalité du genre humain.

Freud soignait par la psychanalyse. Faux : avec la cocaïne, l’électrothérapie, la balnéothérapie, l’hypnose, l’imposition des mains ou l’usage du monstrueux psychrophore en 1910, ses thérapies constituent une cour des miracles.

Freud guérissait. Faux : il a sciemment falsifié des résultats pour dissimuler les échecs de son dispositif analytique, car le divan soigne dans la limite de l’effet placebo.

Freud était un libérateur de la sexualité. Faux : son oeuvre légitime l’idéal ascétique, la phallocratie misogyne et l’homophobie.

Freud était un libéral en politique. Faux : il se révèle un compagnon de route du césarisme fasciste de son temps. Chamane viennois, guérisseur extrêmement coûteux et sorcier postmoderne, il recourt à une pensée magique dans laquelle son verbe fait la loi.

Ce livre aurait pu être un pamphlet, une démolition purement sensationnelle et expéditive… sauf qu’il est constamment appuyé sur des citations littérales du maître, avec indication précise du tome et de la page, et lorsque vous allez vérifier dans l’ouvrage cité, vous constatez que presque toujours le sens de la citation n’est pas dénaturée par rapport à son contexte. Bref, enfin un indispensable travail libérateur d’un des dogmes qui encombrèrent le XXe siècle !

Cette tentative de lucidité n’est certes pas la première, d’autres avant Onfray avaient analysé les limites, les faiblesses voire les impostures du freudisme ; mais le talent de l’auteur est de donner à son travail une lisibilité captivante, de bout et bout, et donc lui assurer une large diffusion dans le public, ce dont on ne se plaindra pas.

Bien entendu la corporation freudienne ne pouvait rester sans réagir. Mme Roudinesco a donc commis un maigre opuscule complètement à côté de la plaque. Et quelques misérables « psy », nostalgiques des ciseaux d’Anastasie et de l’affaire des Placards, ont pétitionné pour demander à Jean-Luc Hees de supprimer l’émission de Michel Onfray sur France Culture en juillet-août ! Inciter l’actuel patron de Radio France à virer davantage de gens encore… il fallait le faire.

Michel Onfray
avril 2010 – 22 €
Grasset
61 rue des Saint-Pères
75006 Paris
www.grasset.fr