Edito DH n° 83 mai-juin 2002 : l’affaire de tous les hospitaliers

S’ouvre donc, aujourd’hui, une nouvelle édition d’Hôpital-Expo. La combientième, puisqu’elles ne sont plus numérotées ? La 19ème selon nos comptages… La première se tint à Evian en mai 1965, voici donc 37 ans. Votre serviteur n’y était pas (quand même !) mais il en a entendu parler. L’événement se dénommait alors Assises nationales de l’hospitalisation publique. Sous la présidence de Jean Minjoz, tandis que notre ami François Bruntz représentait le ministre, ces journées débattirent de trois thèmes principaux : 4 l’investissement hospitalier, 4 les relations de l’hôpital avec le médecin de ville, 4 les effectifs de personnel soignant. Un Livre Blanc avait été élaboré. La FHF annonça qu’elle créait un service des relations publiques pour non seulement « savoir faire » mais aussi « faire savoir ».

On discuta de l’hôpital dans l’Europe et de l’ouverture de l’hôpital rural vers l’extérieur. On déplora que, plus de six ans après l’ordonnance du 30 décembre 1958 créant les CHU, seulement deux ou trois conventions constitutives fussent signées ! Le ministère insista sur la nécessaire coordination entre établissements « pour éviter le suréquipement ». Fut rappelée l’impérieuse nécessité de titulariser les agents « auxiliaires » et la pressante aspiration des personnels aux aménagements d’horaires et au passage aux 40 heures… Rien ne change, n’est-il pas ? Vers ces premières Assises convergèrent 300 inscrits —« soit 500 participants avec les dames » précise le bilan— pour assister à une dizaine de débats et visiter une exposition de 300 m² proposée par 30 sociétés… Ce 21 mai 2002 au matin, vous mesurez, cher lectrice, cher lecteur, la différence !

Alors, entendant parfois évoquer ironiquement la « grand-messe », la manifestation convenue et sans surprise ou la prolifération des débats thématiques, nous répondons que c’est cela, précisément, la saveur d’Hôpital Expo : la rencontre des hospitaliers dans une cérémonie traditionnelle (mais il est des orthodoxies fécondes) ; consensuelle (mais la recherche des convergences ne tue pas forcément la libre expression) ; d’évolution lente (mais les maturations maîtrisées font les meilleurs millésimes)… Et s’il nous fallait témoigner —modeste participant lambda à plusieurs Hôpital-Expo, tel Fabrice à Waterloo— de cet étonnant assemblage de permanence et d’évolution, nous retiendrions deux constatations pour nous les plus éloquentes.

Pour la continuité : A chaque édition, de deux ans en deux ans, il se murmure, se dit, s’énonce ou s’écrit que « cette manifestation est hautement bienvenue et nécessaire en cette période de crise, d’incertitude, de malaise, de doute… ». Ce qui prouve que l’hôpital, sans être forcément ni un grand malade ni un malade imaginaire, est chroniquement de complexion délicate et sensitive, qu’il a besoin de telles haltes pour se réconforter, se rassurer et reprendre sa marche pour deux nouvelles années.

Quant au changement : C’est la croissance exponentielle (facteur 10 ? facteur 100 ?) de l’affluence. Et ce ne sont plus seulement les notables hospitaliers qui parcourent les allées à pas mesuré ; ce sont des milliers de nos agents, de nos cadres, de nos délégués syndicaux, de nos élèves, qui sillonnent l’expo à grandes enjambées ou se précipitent aux rencontres, prouvant ainsi avec leurs pieds que la question hospitalière est l’affaire de tous les hospitaliers.

Tant qu’il en ira ainsi, aucun sombre pronostic pour l’hôpital public ne sera crédible, n’en déplaise à certains médias. Se partager sur l’analyse, s’inquiéter des entraves et se disputer sur les perspectives est légitime au Forum… Mais gémir n’est pas de mise aux Assises.