En peinture comme dans les autres arts et comme en littérature, il y a toujours des créateurs non créatifs, des besogneux peu imaginatifs, des prétentieux pas doués.
En peinture singulièrement, il y eut, il y a d’affligeants doublons des Delerm père et fils : Philippe le plumitif étique, Vincent le chanteur phtisique (je l’aurais bien apparié en chuchotis chichiteux avec Carla Bruni, mais bon, c’est une autre question, ne nous égarons pas).
Attention, je n’évoque pas ici les peintres de moindre envergure, les talents de moindre retentissement, les petits maîtres, les spécialistes animaliers, de marines, portraitistes, de genre ou de vanités : ils ont leur mérite, leur patte, leur technique et nous offrent souvent de l’agrément à contempler leurs toiles.
Ce n’est pas ceux-là que je me permettrais de coiffer du ridicule bonnet d’âne delermien, ils ne le méritent pas.
Et puis, il faut bien que chaque grande époque picturale finisse, assèche sa créativité, se conclue par des suiveurs honorables mais mineurs.
D’ailleurs aucune période, aucune discipline littéraire, artistique, plastique ou architecturale n’y échappe.
Même l’immense art gothique s’acheva en épuisant sa sève dans l’excessif flamboyant.
L’impressionnisme, à vouloir perdurer nous donna des peintres certes remarquables mais de moindre génie, Redon, Signac, Seurat, Luce, Vuillard, Valloton… Tous ces peintres ne méritent certainement pas d’être affublés du qualificatif de vacuité et d’appertisation delermiste.
Non, en catégorisant certains peintres en clones des Delerm, je vise ceux qui comme les père et fils susnommés cumulent un non-talent consternant, un manque d’audace soporifique, un conformisme assommant, une prétention pontifiante, une originalité nanoscopique.
Un exemple vous épargnera une plus longue définition, car ce qui est creux et fade se décrit plus malaisément que ce qui est consistant et dense :
Carl Vilhem Holsøe, 1863 – 1935, un peintre danois qui vous brouillerait à vie avec l’art danois.
Bien sûr il fit l’Académie des Beaux-Arts, circonstance très atténuante.
Bien sûr il s’inspira avec deux siècles de décalage, rien que ça, des maîtres hollandais du XVIIe siècle, ce qui ne favorise pas outrancièrement l’avant-gardisme.
Bien sûr il exposa avec un immense succès pendant trente ans et reçu trente-trois distinctions, prix, médailles et mention, ce qui n’incite pas à la remise en cause.
Néanmoins, néanmoins, si un jour vous rentrez at home euphorique, surexcité.e, tout feu, tout flamme, sur un nuage, pétant l’éclair, because la survenue inopinée d’un évènement extraordinaire dans votre vie professionnelle, personnelle, sentimentale, passionnelle, sportive, artistique, familiale, que sais-je encore….
Alors j’ai le remède qu’il vous faut pour bien vous relâcher :
▪ un bon bain chaud aux sels de lavande
▪ une verveine ou fleur d’oranger
▪ le dernier opuscule de Delerm senior
▪ en bruit d’ambiance le dernier lamento de Delerm junior
▪ et un beau livre en grand format des chefs d’oeuvre de Holsøe.
Aucun effet indésirable à redouter, car exempt de molécule de synthèse chimique ; c’est pas beau mais au moins c’est bio.
7 avril 2019