2019 04 10 : Les oiseaux de passage – film

En Colombie, c’est vers 1970 que le narcotrafic a commencé. On sait, ou l’on doit savoir que l’émergence des gangs, réseaux de collecteurs, raffineurs et revendeurs présupposait la culture à grande échelle du coca, secondairement du pavot à opium et de la marijuana.

Les indigènes amérindiens étaient très pauvres car exclus des terres les plus fertiles, la demande de la  jeunesse américaine explosait : il suffisait donc de relier logiquement ces deux situations pour inciter plus ou moins violemment les autochtones affamés à se lancer dans la culture des drogues.

Mais ce film ne se limite pas à une énième saga des cartels de Medellín ou de Cali : il nous montre, dans une fresque d’une puissance fascinante, l’évolution, l’acculturation des tribus locales imprégnées de traditions ancestrales, de mysticisme et de magies. Par moment on songe à une tragédie grecque.

Les réalisateurs Ciro Guerra et Cristina Gallego maîtrisent leur sujet. L’image est admirable. La mise en scène est rigoureuse.

Si le terme « choc des cultures » a un sens historique, c’est bien dans la Colombie de ces années-là qu’il s’exprime dramatiquement.

Ou plutôt, soyons lucides, derrière la « culture » qui n’est souvent qu’une dérivée d’un système économique, éclate la nocivité intrinsèque du capitalisme lorsqu’il s‘agit de détruire tout ce qui n’est pas bancable et monnayable.

Les acteurs, José Acosta, Carmiña Martínez, Jhon Narváez, Natalia Reyes sont impressionnants de justesse.

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10 avril 2019