Questionnement de qualité
Lorsqu’on lit un tel titre, on ne peut malgré soi se retenir d’une certaine appréhension : le bouquin ne va-t-il pas céder à la tendance actuelle, portée par certains médias et non des moindres, à tartiner l’émotion à toutes les pages ? Ne va-t-il pas faire dans le larmoyant, la mièvrerie ou même le geignard ? N’est-il pas le cheval de Troie de convictions philosophiques ou religieuses qui, dans le domaine des soins palliatifs et de la fin de vie, s’avancent trop souvent à visage masqué ?
Heureusement, il n’en est rien… Certes, on y lit ou on y décrypte des points de vue qui sont non seulement d’ordre éthique mais présupposent des convictions ; le pire serait sans doute qu’il n’y en ait pas. On voit bien que dans le débat, les contributeurs se rangent d’un côte et pas de l’autre.
Mais en tout cas, de bonnes questions sont posées. L’amour est-il premier ou bien résultat du soin ? Est-il de nature psychologique ou bien ontologique ? Quels enseignements la tradition religieuse nous livre-t-elle ? Qu’en est-il de l’amour du tout petit ou du grand vieillard ? Peut-on esquisser une phénoménologie de l’amour ?
Cet ouvrage collectif étudie spécifiquement le thème de l’amour dans la relation de soins. Il désire concourir au débat sur la révision en 2009 des lois de bioéthique en nourrissant un fond culturel opposé à la dépénalisation de l’euthanasie. Il aborde cet aspect dans certains domaines (réanimation néonatale notamment), totalement inédits. Mais il se confronte aussi à la question : est-ce que le soin me rend capable d’amour ou bien est-ce parce que je suis capable d’amour que je peux prendre soin ? En effet, le thème de l’amour, si galvaudé par ailleurs, est tabou dans les descriptions de la relation de soins qui peinent du coup à rendre compte de l’essence du « prendre soin ». Il méritait d’être développé.
Cette réflexion à plusieurs voix est une composante d’un débat (notamment : amour laïc/ amour religieux, religion juive / religion chrétienne) sur l’origine de l’amour et ses diverses manifestations au cours de la relation soignante. Elle est formée des contributions de : ● Michel Geoffroy directeur de recherches du département d’éthique biomédicale, chaire des Bernardins., ancien médecin généraliste, ancien médecin responsable d’unité de soins palliatifs, ancien enseignant-chercheur associé, Université de Marne-la-Vallée (philosophie), enseignant dans diverses institutions (IFCS Ste Anne, IFCS Ville-Evrard, DU soins palliatifs Tenon) ● Éric Fiat, maître de conférences en philosophie, Université Paris-Est, Marne-la-Vallée ● Jérôme Alric, psychologue, psychanalyste, équipe mobile de soutien et de soins palliatifs, CHRU de Montpellier, docteur en psychopathologie clinique ● Dominique Blet, médecin, psychanalyste, pôle douleur et soins palliatifs, GCS Ouest Audois, Carcassonne ● Anne-Laure Boch, neurochirurgien, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, AP-HP, docteur en philosophie ● David Le Breton, professeur de sociologie, Université de Strasbourg, membre de l’Institut universitaire de France ● Pierre Morel, avocat au barreau de Paris, responsable d’association chrétienne ● Denis Oriot, professeur de pédiatrie, CHU de Poitiers, docteur en éthique ● Élisabeth Quignard, gériatre, responsable du réseau gériatrique de Champagne-Ardenne.
sous la direction d’E. Fiat & M. Geoffroy
février 2009 – 224 pages – 20 €
Editions Parole et Silence
47 rue de Charenton
75012 PARIS