Épigraphes : XVI – SUR LE TASSE EN PRISON D’EUGENE DELACROIX

Le poète au cachot, débraillé, maladif,
Roulant un manuscrit sous son pied convulsif [1],
Mesure d’un regard que la terreur enflamme
L’escalier de vertige où s’abîme son âme.

Les rires enivrants dont s’emplit la prison
Vers l’étrange et l’absurde invitent sa raison ;
Le Doute l’environne, et la Peur ridicule,
Hideuse et multiforme, autour de lui circule.

Ce génie enfermé dans un taudis [2] malsain,
Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l’essaim
Tourbillonne, ameuté derrière son oreille,

Ce rêveur que l’horreur de son logis réveille,
Voilà bien ton emblème [3], Ame aux songes obscurs,
Que le Réel étouffe entre ses quatre murs !

Eugène Delacroix, Le Tasse dans la maison des fous, 1839, (Am Römerholz – Winterthur Suisse)

[1] Crispé.

[2] Logement misérable.

[3] Figure symbolique.