2024 11 02 : Nino Ferrer – un bouffon ?

Comment donc était-il possible d’apprécier Nino Ferrer en cette fin des années 60, ce rigolo, alors qu’on pouvait admirer tant de chanteurs de qualité ou « rive gauche » ?

Il est certain que c’était au troisième ou quatrième degré que je m’extasiais pour Mirza, pour Les Cornichons, pour Oh Hé Hein Bon, pour Le telefon, Alexandre et autres bouffonneries de ce chanteur qu’on disait gentiment « décalé »…

Nino Ferrer était un bouffon, un vrai, au vieux sens historique de celui qui divertit le prince (en l’occurrence, le public) mais aussi se moque et critique en profitant de ce statut d’amuseur pour glisser de temps à autre et parfois souvent quelques vérités caustiques… que l’on entend ou pas.

Ainsi étaient donc Madame Robert sorte d’inventaire à la Prévert, Télé libre, critique acerbe de la dictature de l’audimat, ou La maison près de la fontaine, déploration de la « nouvelle société » technologique.

Combien d’entre nous qui l’avaient connu dans ses gaudrioles des années 60 l’ont suivi et apprécié dans son retour au Rock n’Roll des années 70-80 ? Très peu. Il était d’ailleurs tombé en purgatoire médiatique : je ne me souviens pas avoir entendu dans la seule émission dédiée, Les enfants du rock sur Antenne 2, ni Métronomie, ni Rock n’roll cow-boy, ni L’arbre noir.

Et puis la chanson la grande n’étant pas que des textes mais des mélodies et des ambiances inoubliables, il y eut la Chanson pour Nathalie et évidemment Le Sud (que pourtant il n’estimait pas plus que ça).

Il parvint même à décontenancer les conservateurs qui le regardaient de travers en interprétant en chorale La Marseillaise avec les habitants de son village, Montcuq dans le Lot.

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