Voici un documentaire bouleversant.
Je ne parle pas de son esthétique, de son graphisme, de son jeu d’acteurs (la seule personne qui revient à l’écran est Hiam Abbass la mère de la réalisatrice, qui entre deux séquences nous lit ses poèmes), ni de son intrigue (il n’y en a pas). Non, c’est un documentaire qui nous force à regarder ce que nous ne savions pas aussi humainement, aussi concrètement.
La réalisatrice Lina Soualem retourne en Palestine, près du lac de Tibériade, trente ans après que sa mère en soit partie. Elle y voit et nous montre les lieux, les paysages, quelques survivantes ; car il s’agit de femmes palestiniennes, sur quatre générations.
Des survivantes ou descendantes du désastre de 1948, la Nakba en arabe, lorsque 750 000 habitants, presque toute la population palestinienne du territoire d’Israël qui venait de naître fut contrainte à la fuite, à l’exil par ce nouvel état démocratique mais théocratique donc totalitaire, dans l’indifférence et le silence de l’Occident et du bloc soviétique.
En Israël, état « démocratique », la législation interdit l’usage du mot Nakba dans les manuels scolaires. Et sa commémoration constitue un délit.
Alors, percevoir la douleur mais aussi la dignité et la colère de ces femmes, qui non seulement commémorent, mais ne perdent pas espoir, résistent à leur manière contre la cruauté de leur destinée, me fait penser qu’un jour ou l’autre, inéluctablement, la Palestine et les Palestiniennes vaincront. Les massacreurs devront rendre des comptes.
24 février 2024