2024 02 13 : La Bête – film

Je n’aime pas les films de science-fiction, donc voici un film que je n’aurais pas dû aller voir, sauf que je cédai à la docilité foncière dont je suis complaisamment prodigue.

Ce film de Bertrand Bonello, adaptant un roman de Henry James, fictionne énormément, quoique… puisque c’est dans un futur diablement proche où il nous plonge, lorsque règnera en maître l’IA, l’IA partout, l’IA qui décidera de tout.

L’intelligence artificielle ! quoi ! qui très bientôt tournera des films, accouchera d’acteurs-avatars et rédigera des comptes-rendus et critiques comme celui que je tente, là, maintenant, de vous faire avec ma pauvre IA à moi, intelligence artisanale d’origine incontrôlée et j’espère encore un peu incontrôlable.

Alors nous nous transportons en 2044 : les rares naturels autochtones végétant encore à Paris sont agréablement pourvus de masque à gaz dans un Paris devenu irrespirable. Le chômage est démentiel puisque l’IA, ah, ah, ah, remplace avantageusement les décideurs et assume efficacement de nombreuses tâches et fonctions.

La jolie Gabrielle (Léa Seydoux), qui n’est pas artificielle (oh non !) est en charge de contrôler la température des circuits : c’est fastidieux, elle rêve de promotion. Mais elle doit impérativement faire purger son ADN pour le dépolluer des émotions et affects ridicules qui empêchent les gens de prendre les décisions rationnelles homologables par l’IA.

Pour opérer l’épuration, un dispositif qu’on dirait médical la ramène loin dans le passé pour éradiquer d’éventuels traumatismes antérieurs.

Par exemple à Paris en 1910, au moment de la crue de la Seine. Elle est mariée à un riche fabricant de poupées en celluloïd et donne des concerts dans des cercles proustiens, comme pianiste entichée d’Arnold Schönberg (nul n’est parfait).

Puis, en 2014, Gabrielle est gravure de mode et star et travaille, où ça ? à Los Angeles of course. Elle rencontre régulièrement Louis Lewinsky (George MacKay) son amour d’avant l’IA. Alors, alors…

Ce film, un peu longuet certes, est terrible de maîtrise et d’inventivité, à moins qu’il ne soit terrorisant d’anticipation et de prémonition. Et en sortant, mon InonA ne pouvait s’empêcher de me murmurer qu’il est les deux.

13 février 2024