2024 02 12 : Green Border – film

Je suis allé voir ce film parce que je me souvenais en avoir vu un premier d’Agnieszka Holland, en 2014 : Sacrifice, montrant le combat de la famille de Jan Palach, étudiant de Prague qui en 1969 s’immola par le feu pour protester contre l’invasion soviétique de 1968.

Cette fois la cinéaste polonaise nous expose avec âpreté l’itinéraire d’une famille syrienne pour rejoindre la Suède. A la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, porte d’entrée dans l’Union européenne, la voilà bloquée et pataugeant avec des centaines d’autres familles dans une zone marécageuse, brutalisées par des militaires garde-frontières aux ordres et donc hostiles.

Ce film en noir et blanc nous montre avec force le blanc de ces migrants innocents, le noir des Etats barbares qui les rejettent ou les repoussent, mais aussi toutes les nuances du gris au clair des organisations humanitaires et de la population locale.

Les réactions politiques à ce film, certes un brûlot mais il en faut, furent virulentes : l’alors ministre polonais de la justice, Zbigniew Ziobro, du parti réactionnaire et nationaliste PiS le compara à de la « propagande nazie » (empruntant le vocabulaire de son pourtant meilleur ennemi Poutine), l’accusant de montrer les Polonais « comme des bandits et des meurtriers ».

Agnieszka Holland fut l’objet d’une campagne concertée et déshonorante (pour ses auteurs) de haine et d’antisémitisme.

Les remarquables interprètes : Jalal Altawil, Maja Ostaszewska, Behi Djanati Ataï, Tomasz Włosok, Dalia Naous, Mohamad Al Rashi, Monika Frajczyk, Jaśmina Polak, Joely Mbundu, Taim Ajjan, Agata Kulesza, Maciej Stuhr, Magdalena Popławska, Marta Stalmierska (je les nomme tous car ils le méritent) furent insultés.

Le film fut instrumentalisé par le parti réac et d’extrême-droite PiS lors des élections de 2023, aboutissant… à la défaite de celui-ci et à la victoire de Plate-forme civique (La Gauche et Troisième voie) menée par Donald Tusk. Pif ! Paf ! dans la gueule ! Vertus de l’unité…

12 février 2024