Des sages-femmes, j’en ai connu quelques-unes au cours de mes deux carrières vouées l’une comme l’autre au monde de la santé.
Des sages-femmes qui, avant ou après leur journée de travail rémunéré, se coltinaient travail domestique, ménage, course, lessive, affaires de leur fils, tandis que le conjoint se vautrait dans son canapé… je n’en ai jamais rien su : il ne me venait bien sûr pas à l’esprit de solliciter ce genre de confidences.
Mais des sages-femmes qui préméditent un braquage de banque avec arme, çà je ne l’ai jamais rencontré, car si l’une d’elles l’avaient tenté cela me serait évidemment revenu.
C’est en tout cas ce que fait Mirka (Dorota Pomykala) sage-femme polonaise en fin de carrière.
Et ce n’est pas rigolo : la réalisatrice Anna Jadowska, s’inspirant d’une histoire vraie, nous montre dans ce film noir et accablé qu’arrivée à la soixantaine Mirka, fatiguée, dédaignée, fanée, méprisée, endettée, désabusée, se jette dans ce projet fou par désespérance ordinaire…
Comme pour conjurer la noirceur de cette destinée, le film se déroule presque continument dans une lumière aveuglante.
21 octobre 2023