Galanteries : X – HYMNE

À la très-chère, à la très-belle
Qui remplit mon cœur de clarté,
À l’ange, à l’idole immortelle,
Salut en l’immortalité !

Elle se répand dans ma vie
Comme un air imprégné de sel,
Et dans mon âme inassouvie [1]
Verse le goût de l’éternel.

Sachet toujours frais qui parfume
L’atmosphère d’un cher réduit [2],
Encensoir [3] oublié qui fume
En secret à travers la nuit,

Comment, amour incorruptible,
T’exprimer avec vérité ?
Grain de musc [4] qui gis, invisible,
Au fond de mon éternité !

À la très-bonne, à la très-belle,
Qui fait ma joie et ma santé,
À l’ange, à l’idole immortelle,
Salut en l’immortalité !

Georges Chelon 1997

Fauré – François Le Roux

Fauré – M Bevan & J Middleton

Charles Baudelaire, 1863 photo par Carjat

Poème adressé par courrier anonyme à Apollonie Sabatier.
[1] Insatisfaite.
[2] Petit logement où l’on est retiré.
[3] Objet liturgique dans lequel on brûle l’encens.
[4] Liquide odorant sécrété par divers mammifères ; le musc du porte-musc est recherché en parfumerie.