Au départ, il y a une rencontre improbable entre François Ruffin, député La France Insoumise et Bruno Bonnell, député En Marche !
Pourtant cela fonctionne : on suit les deux élus dans un périple où ils rencontrent les « travailleuses du lien », lien familial et/ou social : aides à domicile, agentes d’entretien, accompagnantes d’enfants en situation de handicap, auxiliaires de vie, assistantes maternelles, animatrices périscolaires.
Alors on découvre, enfin visibles, Hayat, Sabrina, Delphine, qui appartiennent à l’une des catégories professionnelles très ordinairement et délibérément les plus invisibilisées.
Je dis « délibérément », car ces femmes que j’ai connus à mes débuts à l’hôpital (les aides-soignantes, les ASH, longtemps nommées « personnel secondaire des services de soins ») et dès les années 80 au domicile (alors nommées « aides-ménagères ») on préférait ne pas les voir, car chargées des tâches les plus sales, intimes : changes, toilettes, couches et garnitures, aide à manger… et sans le prestige des soignants, médecins ou infirmières.
S’il y a toujours eu, dès l’origine de notre Parlement, de nombreux médecins députés (27 dans l’actuelle législature) rien d’étonnant donc à ce que la première aide-soignante élue au Parlement l’ait été en… 2017 : Caroline Fiat députée de Meurthe-et-Moselle La France insoumise.
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Ce documentaire, réalisé par Gilles Perret et François Ruffin, répare enfin une trop longue occultation et milite avec fougue pour la reconnaissance de ces métiers, dans leurs statuts, dans leurs revenus. Les réalisateurs, on pouvait s’y attendre, nous livrent un film sans militantisme pesant, traversé d’humour et d’humanisme.
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La proposition de loi nº 3379 de nos deux députés, éloquemment présentée il y a plus d’un an se référait à notre Excellence Emmanuel Ier :
« Il nous faudra nous rappeler que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. »
Au printemps dernier, en pleine crise du Covid, le président de la République Emmanuel Macron prenait cet engagement. Et il ajoutait, citant la Déclaration universelle des droits de l’Homme : « « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune » Ces mots, les Français les ont écrits il y a plus de 200 ans. Nous devons aujourd’hui reprendre le flambeau et donner toute sa force à ce principe. »
Sauf que la proposition de loi n’a toujours pas abouti.
Ce n’est qu’un début, continuons le combat !
18 octobre 2021