2021 08 27 : La Terre des hommes – film

Il y a quelques années on aurait dit « un petit film attachant » et les critiques lui auraient donné une appréciation bienveillante : pensez, un film sur les paysans… En ces temps-là, pas si lointains, les suicides de paysans faisaient beaucoup moins de bruit médiatique qu’aujourd’hui les suicides de policiers, pourtant beaucoup moins nombreux.

Mais voilà que peu à peu, et tard vaut mieux que jamais, nos paysans-agriculteurs-éleveurs sont enfin perçus comme les piliers du « produire et consommer local » qui fleurit dans le discours des gens conscients : conscients, pas totalement, mais un peu vaut mieux que pas du tout.

Alors ne chipotons pas la critique qui loue presque unanimement ce film (si l’on néglige Les Echos, Libération, Le Monde et Les Inrocks, qui s’évertuent ces dernières années à disputer la palme de la cuistrerie à Télérama).

Constance (Diane Rouxel) est la fille de Bernard (Olivier Gourmet) un éleveur de bovins de Saône-et-Loire, qui s’est engagée avec son compagnon Bruno (Finnegan Oldfield) à reprendre l’exploitation de son père et la sauver de la faillite. Pour cela, il faut s’agrandir, investir conquérir et tenir bon face aux grands exploitants qui se partagent la terre.

Constance obtient le soutien de Sylvain (Jalil Lespert), le président de la SAFER. Mais voilà, Sylvain est conscient qu’il décidera du sort de Constance et Bruno, alors non seulement il use de son influence, mais tente ‑ et pas qu’un peu ‑ d’abuser de son pouvoir, sexuellement s’entend, et s’il ne se risque pas au viol en force physique, la contrainte psychologique le rebute d’autant moins qu’il a d’emblée décelé la vulnérabilité, donc l’ambiguïté de Constance, et il tisse soigneusement son emprise.

Les mœurs froidement dépeintes par Maupassant survivent encore un peu, beaucoup trop, en Saône-et-Loire et sans doute ailleurs.

Le réalisateur Naël Marandin maîtrise bien son intrigue, il nous livre des images soignées, et sa peinture humaine d’un monde rural en souffrance est prenante. L’interprétation de Diane Rouxel est captivante. Jalil Lespert est un Janus salopard de premier ordre.

27 août 2021

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