2019 11 29 : Gloria Mundi – film

Ce film de Robert Guédiguian est de bout en bout une imprécation rageuse contre l’individualisme forcené et les lois impitoyables de l’économie capitaliste (le premier étant d’ailleurs entretenu par les secondes), qui enferment chacun plus ou moins étroitement dans une prison aux barreaux invisibles.

De prison justement, Daniel (Gérard Meylan) en sort, où il avait purgé une longue peine. Et il retourne où ça ? A Marseille évidemment, peut-on imaginer un Guédiguian qui ne se déroule pas à Marseille ? Il renoue le contact avec son ex-femme interprétée par qui donc ? Ariane Ascaride évidemment, peut-on imaginer un Guédiguian sans elle ?

Beaucoup de temps a passé durant la réclusion, plus cruellement que lorsqu’on vit les jours et les saisons hors les murs : sa fille Mathilda (Anaïs Demoustier) vient de mettre au monde une petite fille : Gloria, Gloria Mundi.

Mais il est loin d’être glorieux, le monde qui entoure les personnages (notre monde non plus d’ailleurs, et dans d’autres contrées c’est pire encore… mais je m’égare).

Dans un film de Guédiguian, comme toujours, règne non pas un Salvator Mundi mais une foi farouche dans la solidarité populaire. Cet élan humain trop humain peut-il triompher de tout ? On sait que la noirceur et la lumière, le drame individuel et les duretés sociales, le désespoir et la colère, les fidélités et la trahison, la jovialité et l’amertume, composent d’ordinaire sa palette.

On sait que Guédiguian est écartelé entre le pessimisme de la tragédie grecque et l’optimisme marseillais. Lequel va l’emporter cette fois ? Je ne vous le dirai évidemment pas.

Allez savoir pourquoi, tout le reste de la soirée je ne pus me sortir de la tête cette célèbre phrase de Marguerite Duras : « Que le monde aille à sa perte, c’est la seule politique ». Que nombre de chiens savants et jappants ont moquée… mais qui devient de plus en plus actuelle.

29 novembre 2019