Bon, si vous voulez passer un agréable vendredi soir (comme c’était mon intention) pour ensuite vous rassasier dans un aimable restaurant (comme c’était mon intention) et discuter entre amis de sujets aimables ou graves, mais qui chez nous ne le sont pas encore gravement (comme c’était mon intention)… n’allez pas voir ce film !
Moi j’y suis allé… et ma soirée et mon samedi et mon dimanche et ces jours-ci encore en furent sombrement affectés.
Vous allez comprendre sans qu’il me soit besoin de vous faire un dessin :
Le film se déroule à l’est du Congo RDC, aux confins de l’Ouganda et du Rwanda. En 1998 : la deuxième guerre du Congo y déroule pour cinq ans son épouvantable kyrielle de massacres, viols, pillages, perpétrés par des milices rwandaises, ougandaises, hutues, Interahamwe, tutsies, Banyamulenge, et autres engeances de malheur, dans l’indifférence inexcusable des pays riches.
La rivalité Est/Ouest n’existe plus, mais le Kivu à l’est du Congo recèle pour son malheur diamants, cobalt, coltan, or, et autres métaux rares.
Une troisième guerre du Congo se poursuit aujourd’hui à bas bruit, dans le silence criminel de nos médias si prompt à s’agiter pour le moindre fait divers. Bilan ? 5 à 6 millions de morts, 3 à 4 millions de personnes déplacées, des dizaines de milliers de viols, le paludisme, le Sida, Ebola qui revient… la malédiction continue.
C’est dans ce contexte chaotique épouvantable que le sergent Xavier (Marc Zinga) héros de guerre rwandais et le jeune soldat Faustin (Stéphane Bak) sont coupés de leur régiment. Paumés, isolés, sans soutiens ni ressources, ils doivent affronter la jungle la plus vaste, la plus dense et la plus inhospitalière.
En proie à la faim, la soif, l’angoisse et la maladie, ils doivent faire face à leurs survie, à leurs tourments et à ceux d’une province dévastée par la violence.
Le réalisateur Joël Karekezi, lui-même rescapé du génocide rwandais, délivre pour son deuxième film un manifeste implacable contre la guerre. Sa mise en scène est d’une force rare.
Alors oui, allez voir ce film, mais pas un vendredi soir SVP !
26 avril 2019