2019 01 25 : L’ordre des médecins – film

Simon (Jérémie Renier) n’est pas un praticien hospitalier débutant, mais il reste passionné par son métier. Quotidiennement, dans son service de pneumologie, il est confronté à de graves maladies et souvent à la mort car en pneumologie on meurt beaucoup. Mais il a appris, comme on lui a enseigné, à mettre à distance l’émotion et les affects pour se protéger. Sa compassion, il la cultive muette.

Mais voilà le grain de sable, et de taille : Mathilde sa mère (Marthe Keller) est hospitalisée en réanimation dans un état grave et ne veut plus se battre pour survivre à tout prix.

Le film nous donne alors à voir la collision entre le désarroi intime de l’homme et la solidité professionnelle du médecin, entre ses certitudes techniques et son épreuve affective et morale.

On pouvait craindre le pire, comme on l’a constaté quelquefois dans de récents films ayant la médecine et l’hôpital pour sujet : émotion à la louche, pathos dégoulinant, larmes, visages ravagés, effets garantis de blouses blanches dont les pans volants rappelleraient bien sûr les ailes de l’albatros.

Ici, rien de tel. L’histoire se tient de bout en bout dans le tact, la justesse. Le scénario est sobre, la mise en scène est serrée, la condition humaine est évoquée comme il le faut.

L’image est prenante, qui fait contraster le chaos des sentiments des personnages et la froideur sépulcrale des couloirs interminables.

Equilibre d’autant plus remarquable qu’il s’agit du premier long-métrage du réalisateur David Roux.

Les interprètes principaux sont exceptionnels, il faut dire qu’ils sont aguerris, tant Jérémie Renier que Marthe Keller ; mais les autres acteurs, Zita Hanrot, Alain Libolt et Maud Wyler, par exemple, sont également excellents.

25 janvier 2019