Bon alors d’accord, j’en conviens et concède aux critiques les plus habituellement sévères, subtilement Obs-Obs, que ce n’est pas un très grand film ; que l’image n’est pas inoubliable esthétiquement parlant ; que le propos cinématographique n’est pas de choquer les mentalités actuelles ; que le scénario n’est d’ailleurs ni anticonformisme ni dérangeant.
Sauf que ce scénario repose sur une histoire vraie, en une époque où ce qu’il évoque ne paradait pas dans un féminisme consensuel :
Car nous sommes en 1969 à Reims. Paul Coutard (Max Boublil), dragueur incoercible, est aussi accessoirement journaliste sportif au journal régional Le Champenois. Pour agacer son rédacteur en chef (Éric Naggar), il a l’idée loufoque d’organiser un match de football féminin lors de la prochaine kermesse annuelle du journal.
Lequel rédacteur en chef, recourant à une astuce vieille comme le management pseudo-participatif, ne rejette pas frontalement ce projet farfelu, mais trouve habile de le plomber en lui donnant pour coresponsable Emmanuelle Bruno (Vanessa Guide) la secrétaire de direction, pour le moins réticente et sceptique.
C’est donc envers et contre tout qu’ils vont se lancer dans la création de la première équipe féminine de football de France. Ils se heurteront d’emblée au président du Stade de Reims, lequel vient d’être relégué en 2ème division, et qui n’est donc pas d’humeur à rire, puis aux potentats de la Fédération nationale qui est monolithiquement sexiste.
Mais ils pourront compter sur un entraîneur déjanté, Alain Lambert (Bruno Lochet) et sur l’appui décisif de Giacomo Bruno (Luca Zingaretti) le père d’Emmanuelle.
Ce qui m’a frappé c’est qu’il n’y a pas d’anachronisme dans ce film : ni dans les décors et costumes, ni dans les mentalités, dialogues et situation. Et les acteurs et surtout les actrices qui composent ce onze du deuxième sexe (Delphine Baril, Carole Franck, Zoé Héran, Julie Moulier, Solène Rigot, Sarah Suco, Mona Walravens…) sont dans la même ambiance épatante.
Julien Hallard a donc réalisé là un film utile en ce qu’il montre aux plus jeunes (car il est visible par tous) le chemin parcouru depuis 50 ans.
30 avril 2018