A l’approche d’élections, un parti qui n’est pas le FN mais qui pourrait l’être si vous en convenez, est à la recherche de candidats présentables et qui lui permettraient de farder un peu sa doctrine fasciste (ce n’est pas le FN mais ce pourrait l’être si vous le postulez).
Sa cheffe Agnès Dorgelle (Catherine Jacob) a donc peut-être ou peut-être pas à voir avec Marine Le Pen.
Elle repère bien vite Pauline Duhez (Emilie Dequenne), qui exerce l’un des « plus beaux métiers du monde » : infirmière, infirmière à domicile et qui donc va chez les gens, entre Lens et Lille. Exerçant l’un des « plus beaux métiers du monde », ses patients l’aiment et l’estiment d’autant qu’elle consacre beaucoup de son temps à s’occuper de son père, ancien métallurgiste malade de l’amiante.
J’avoue que je n’entrais pas en salle sans l’appréhension que le réalisateur, Lucas Belvaux, ne cède à la facilité et caricature le parti (qui n’est pas le FN mais qui pourrait l’être si vous le désirez) à partir non pas de son vice systémique (qui est d’être fasciste, si c’est le FN et si vous insistez) mais de ses travers superficiels et notamment, ce qui me gêne toujours, du parler maladroit (j’allais dire gauche !) de ses partisans et électeurs, de leur allure empruntée, de leurs propos amers, rancuniers, frustrés ; bref d’être des gens du peuple tels que se le représente la petite élite culturelle énonciatrice des codes de bonne opinion et arbitre des élégances parisiennes, tout en niant, bien sûr, son abouchement avec la banque, la finance et les importants des beaux quartiers.
Il y a certes une plongée dans la base populaire du parti (qui n’est pas le FN mais qui pourra l’être si vous le ressassez), mais sans caricature ; avec compréhension et pas trop de moquerie.
Mais le film s’attache surtout à montrer la réalité de ce parti (qui n’est pas le FN mais qui saura l’être si vous l’exigez) : derrière les masques de la suavité, de la respectabilité et de l’amabilité, continue de prospérer l’idéologie du fascisme.
Illustration magistrale de cette imposture : le cadre Philippe Berthier (André Dussollier) est médecin, donc humain et « proche des gens » mais saisissant de perverse malveillance. Et Stéphane Stankowiak, dit Stanko (Guillaume Gouix) incarne avec justesse le factotum manipulé, le petit soldat dépassé.
Un très grand film ? Sans doute pas. Fidèle au roman Le Bloc de Jérôme Leroy ? Ne l’ayant pas lu je ne saurais dire. Mais un film utile, salubre, pédagogique et bien servi par des acteurs attachants.
24 mars 2017