Je n’avais que d’excellentes raisons d’aller voir ce film : je ne connais absolument pas sa réalisatrice, l’Allemande Maren Ade, ni aucun des acteurs, ni la scénariste (c’est la même), rien… Et puis le Canard enchaîné en délivrait une critique somptueuse (« Miracle allemand ») et Télérama une exécrable (« Tout est ringard et navrant ») ; et enfin je connaissais une personne participant à l’équipe technique. Donc, j’y vas.
Ines Conradi (Sandra Hüller) est consultante de haut niveau dans une grande société allemande installée en Roumanie à Bucarest. Elle gère parfaitement sa vie, est hyper organisée, ne supporte pas le désordre.
Mais un jour, alors qu’elle est en train de gérer un dossier particulièrement important et délicat, son père Winfried Conradi (Peter Simonischek) débarque, s’incruste, s’immisce, se mêle de ce qui ne le regarde pas et lui pose des questions trop personnelles. Rapidement ça coince, papa retourne en Allemagne, Ines peut se polariser sur sa mission.
Sauf qu’un soir, dans un grand hôtel, un type burlesque se présente à elle sous le nom de Toni Erdmann, qui n’est autre que son original de père, grimé…
Voilà : récité comme ça, ce pourrait être le scénario d’un beau navet et vous proclameriez « Mais c’est bien sûr, Télérama ne s’est pas trompé ».
Sauf que c’est un chef-d’œuvre qui joue sur tous les tableaux : fantaisie, émotion, comédie sentimentale, critique sociale, chronique intimiste, portrait psychologique, récit burlesque, tristesse et gaité… Qui confronte, pour le dénoncer, le libéralisme glacé à la chaleur de l’humanité.
Et la technique ! Un rythme maîtrisé, une mise en scène fluide, une écriture soignée ; le film dure 2 heures 40 et on ne sent pas le temps passer !
2 septembre 2016