En février j’avais vu et aimé le premier film Yves Saint Laurent par Jalil Lespert ; je me sentais donc tenu d’aller voir le second, Saint Laurent de Bertrand Bonello.
J’aurais mieux fait de m’abstenir !
Que peut-on sauver de ce navet, pourtant favorablement accueilli par la critique et notamment encensé (« génial », « chef d’œuvre ») par Le Monde et Télérama ? La performance d’acteur de Gaspard Ulliel, sidérante.
Quant à moi j’épargnerai deux scènes : • le plaidoyer passionné de Pierre Bergé pour défendre la modernité absolue, le génie et la rentabilité financière à long terme d’Yves Saint Laurent, face à des banquiers et gestionnaires à courte vue, inaccessibles au style et au talent • les dix dernières minutes consacrées au magnifique défilé Opéra-Ballet-Russe de 1976…
Pour le reste… pitié !
L’image ? Pas d’esthétique. Le style ? Dans l’air du temps, celui qui ne dure qu’un instant. Le rythme ? Poussif (oh cette longue et pénible scène de séduction entre YSL et Jacques de Bascher dans une boîte de nuit). L’intrigue ? La vie d’YSL est ramenée à celle d’un noctambule, noceur, alcoolique, drogué. La musique ? Elle est bien choisie mais outrageusement balancée en alibi ; en outre sa beauté fait cruellement ressentir la médiocrité des images.
Le passage où défilent, côte-à-côte, des images d’archives de Mai 68 et YSL mi-oisif mi-créatif à son bureau est assez ridicule.
Mais la tare définitive de ce film est de ne pas nous montrer le talent, le génie, le créateur ! Quelques coups de crayons sur du Canson ne nous font pas ressentir le concepteur inspiré ; seule la dernière séquence du défilé Opéra-Ballet-Russe nous laisse entrevoir, enfin mais trop peu et trop tard, l’art éblouissant et aveuglant du plus grand couturier de son époque.
19 octobre 2014