Livre : Ethique de direction en institution sociale et médico-sociale – 2011

Dé-ménageons !

On a toujours des préjugés : alors avant d’ouvrir le livre, au vu du titre, on craint le robinet d’eau tiède des bonnes intentions dans ce monde si gentil de l’action sociale altruiste et généreuse. Mais cela ne dure pas : car l’auteur, d’emblée, pose vraiment les vraies questions.

Quelles sont les « tensions éthiques » qui traversent et structurent la fonction de direction en institution sociale et médico-sociale ?

Répondre à cette question suppose de cerner la fonction de direction d’établissement ou de service du champ social et médico-social. Fonction délicate sinon difficile, marquée par l’environnement complexe qui caractérise l’action sociale, fragilisée par le contexte d’incertitude des politiques publiques, exposée au risque que représente l’exercice du pouvoir et, enfin, impactée par les situations particulières des usagers.

Répondre à cette question suppose également de situer ce qu’est l’éthique dans l’action sociale et médico-sociale. Elle n’est ni une normalisation comme la morale, ni une règle professionnelle à l’instar de la déontologie. Elle renvoie la personne à ses choix quotidiens et les collectifs de travail, notamment les équipes de direction, à leurs responsabilités engagées dans l’action au nom d’un projet partagé.

L’éthique est un sujet à la mode, de toutes les modes… À l’heure où les critiques fleurissent contre le « management », elle peut être une opportunité facile pour redonner ses lettres de noblesse aux formes d’exercice du pouvoir mises à mal par l’évolution des institutions.

L’auteur se plie ici à une double exigence. D’une part, relier l’éthique et le politique parce que l’orientation de l’action en travail social repose sur un projet qui contribue à la construction sociale. D’autre part, relier les pratiques professionnelles avec le travail de la personne sur elle-même, parce que la fonction de direction ne peut qu’être habitée, investie par un sujet assumant sa responsabilité et interrogeant son rapport au pouvoir.

En conclusion, il nous interpelle vivement : « Dé-ménageons ! ». Le dé-ménagement consiste pour lui à quitter la raison instrumentale d’une forme de direction pour rejoindre les rives de la cohérence entre la fin et les moyens et cette démarche ne supporte aucune instrumentalisation. Les outils managériaux sont au service de l’homme et non l’inverse. Dé-ménager c’est donc défendre un management par la dignité. A bon entendeur salut !

Roland Janvier est actuellement directeur général de la Fondation Massé-Trévidy (Finistère). Travailleur social de formation initiale, docteur en sciences de l’information et de la communication, il intervient aussi dans des formations de directeurs (CAFDES notamment). Il est auteur de plusieurs ouvrages en travail social.

Roland Janvier
septembre 2011 – 126 pages – 15,90 €
Collection Actions sociales / Référence
ESF éditeur
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