Réflexions juridiques de haute tenue
On craint toujours un peu a priori de commenter une revue composite, redoutant une qualité très inégale d’un auteur à l’autre. Cependant ici ‑ et comme d’habitude serions-nous tentés d’écrire ‑ le bouquet est de belle tenue. Nous ne pouvons donc relever exhaustivement tous les articles qui mériteraient d’être commentés. Nous avons été particulièrement réceptifs :
● Au propos de Pierre-Olivier Chaumet retraçant l’établissement controversé des infirmières laïques dans les hôpitaux de l’Assistance publique de Paris entre 1878 et 1908 (votre serviteur se permettra ici une digression : cent ans plus tard, exactement, prenant fonctions dans son premier poste et amené à organiser le départ concerté des dernières religieuses qui y exerçaient, il fut confronté concrètement aux mêmes préjugés en faveur des infirmières religieuses « supérieurement dévouées » et contre les infirmières laïques « paresseuses, revendicatrices et insoumises ». Cent ans après ! Les mentalités évoluent lentement : raison de plus pour ne pas relâcher la pression).
● L’analyse supérieurement limpide, comme toujours, de Francine Demichel quant à la recherche de l’acte médical : voyage autour d’un innommable. Elle montre cet acte médical toujours en situation instable, ambiguë, inconfortablement installé, entre oralité et textualité, entre art et technique, entre normalité et normativité, entre l’économique et le politique, entre la vie et la mort, juridiquement entre risque et protection, pour conclure qu’il ne peut justement être réduit à un droit normalisé. Puisque selon Alain Badiou, « la passion du réel est sans morale » et qu’il faut conserver un espace de « liberté sans critère », le droit médical reste une pratique de l’imprévu et doit faire sa part au chaos.
● Bérengère Legros quant à elle décrit minutieusement et avec nuances la difficile et délicate entrée de la sédation dans le code de déontologie médicale.
Revue générale de droit médical n° 40
septembre 2011 – 378 pages – 46 €
Les Études Hospitalières
253-255 cours du Maréchal-Gallieni
33000 BORDEAUX
www.leh.fr