Edito DH n° 126 mai 2009 : Parlons d’autre chose…

L’hippocampe, ce plaisantin : De récentes recherches viennent de mettre en évidence le rôle de l’hippocampe, cette minuscule zone de notre cerveau, dans le processus de prise de décision pertinente. Détecté par des électrodes d’implantation profonde, le signal qu’il émet a une amplitude maximale lorsque l’incertitude d’avoir fait le bon choix est elle aussi maximale : c’est en quelque sorte un signal d’alerte qui permet au sujet d’augmenter sa vigilance et son attention. A quoi peut bien servir ce signal ? A jouer un rôle complémentaire à celui des neurones dopaminergiques ? Le signal d’incertitude émis par ceux-ci faciliterait la motivation et l’exploration, tandis que celui de l’hippocampe pourrait diriger l’attention vers la conséquence de l’événement annoncé. L’hippocampe permettrait ainsi l’adoption d’un comportement approprié à la situation. 1

Les chercheurs ont vérifié sur eux-mêmes que leur hippocampe fonctionnait normalement ; ils ne semblent pas pour l’instant avoir étendu leurs investigations à d’autres cobayes en charge de la question hospitalière…

seiler meilleur mondesDemain : le meilleur des mondes ?

Place aux jeunes ? D’autres chercheurs 2 viennent de montrer que les nouveaux neurones naissant dans le cerveau adulte présentent au début de leur vie une hyperréactivité, qu’ils perdent en quelques semaines pour finalement ressembler aux autres neurones. Pendant les douze premières semaines de leur vie, ces jeunes cellules sont particulièrement réactives aux excitations et présentent des capacités d’apprentissage accrues. Cette hypersensibilité disparaît ensuite et les nouveaux neurones retrouvent des propriétés ordinaires. Les scientifiques ont par ailleurs montré que deux semaines après leur formation, seules 50 % de ces nouvelles cellules réussissent leur intégration dans les circuits neuronaux, condition indispensable à leur survie.

La découverte, si elle se vérifiait en sociologie des organisations, permettrait de comprendre les difficultés rencontrées face à certains syndromes de sclérose…

Welcome : Si vous n’avez encore vu ce très beau film sur les clandestins de Calais, courrez le voir. Vous y ressentirez sans doute comme moi qu’à partir du sinistre moment où une loi est promulguée… pour ériger en délit la non-dénonciation d’un frère humain ou l’hospitalité accordée à l’un de nos semblables… alors on peut nous dire ce que l’on veut, nous parler Droit , Justice, Morale… on ne nous fera pas prendre Besson pour Bresson ni révérer « la force injuste de la loi ».

Aucun rapport avec l’hôpital ? Bien sûr que si, monsieur le Procureur : j’ai connu, hélas, quelquefois, des collègues directeurs exigeant de leurs personnels qu’ils renseignent les services de police et refusent d’admettre ou soigner des sans-papiers ; mais j’ai connu heureusement des personnels qui refusaient d’obtempérer. Voilà pourquoi il ne me plairaît pas trop que l’élargissement des pouvoirs des premiers leur permette de contraindre les seconds…

Moralité : Il y a trois mois, j’avais parié avec quelques collègues qu’en dépit des grondements et murmures qu’il suscite, des cortèges qu’il provoque, des communiqués qu’il fait éclore en ce printemps frileux, des palinodies et rebondissements quotidiens qu’il invente pour nous tenir en haleine… et bien non ! trois fois non ! je ne parlerais pas du projet de loi HPST et de ses vicissitudes. Vous voyez : je m’y tiens. Absolument.

 ils en ont parle

1 The hippocampus codes the uncertainty of cue-outcomes association: an intracranial electrophysiological study in humans. G. Vanni-Mercier, F. Mauguière, J. Isnard, J-C. Dreher. Journal of Neuroscience, 22 avril 2009.

2 Neurogenesis promotes synaptic plasticity in the adult olfactory bulb, Nature Neurosciences, publié en ligne le 3 mai 2009. Antoine Nissant, Cedric Bardy, Hiroyuki Katagiri, Kerren Murray & Pierre-Marie Lledo – Institut Pasteur, unité Perception et mémoire, CNRS, URA 2182

PS : mea culpa, mea maxima culpa : dans l’éditorial du précédent numéro, me risquant à un latin  peu pratiqué depuis 35 ans, je n’ai pas hésité à donner à casus un pluriel en casi. Le monde médical étant frotté à cette belle langue morte, j’ai été submergé d’au moins… trois protestations courroucées, me rappelant que casus relevant de la quatrième déclinaison, il forme son pluriel en casus. Il est des jours ainsi où l’on sent bien que l’on décline…