Peut-on associer l’éthique et la loi ?
Nous n’avions pas été tendres avec l’auteur pour son précédent livre Avertissement aux malades, aux médecins et aux élus, Ombres et lumières sur la médecine [1]. Mais ici le professeur de médecine recentre son propos sur une question qu’il connaît bien.
Sa thèse n’est pas la nôtre, ni peut-être la vôtre, mais peu importe. Il proclame un refus inébranlable, tant de l’acharnement thérapeutique que de l’euthanasie qu’elle soit « passive » ou « active » et du suicide « assisté ». Il refuse tout ordonnancement législatif qui organiserait ces pratiques, qui constituerait un « formidable désinhibiteur social », mais il reconnaît honnêtement que d’autres pays (Danemark, Suisse, Belgique, Pays-Bas, Allemagne…) s’y sont engagés sans que leurs législateurs puissent être considérés comme irresponsables ou pervers. Il distingue soigneusement le droit imprescriptible de se suicider, qu’il respecte, et le droit donné à un tiers d’administrer le suicide, qu’il récuse.
Mais surtout, son argumentaire est serré, adossé à une expérience humaine et à une pratique médicale qui forcent à la modestie. Et sa critique des travers, illusions et hypocrisies de l’époque est si acérée ! D’accord ou pas avec M. Debré, il faut d’abord le lire.
[1] DH Magazine n° 88 mars-avril 2003
Pr Bernard Debré
Collection Documents, Le cherche midi éditeur
23 rue du Cherche-Midi, 75006 PARIS, janvier 2004, 145 pages, 10 €