Pour d’obscures raisons, philosophie et santé ne se rencontrent pas couramment… Alors ne manquons pas les occasions qui nous sont données !
Et l’ouvrage publié sous la direction de David Khayat le mérite, il ne rebutera pas ceux qui redoutent l’aridité voire l’hermétisme du discours philosophique. Miguel Benasayag nous rappelle opportunément que notre culture est largement dans la haine de la fragilité de la vie, si bien que le malade veut des certitudes. Or qu’est-ce que le vivant sinon l’incertitude ? Julia Kristeva note que le patient doit accomplir la prise en charge personnelle de son mal, qui nécessite à la fois de se battre contre la maladie et de vivre avec. David Khayat nous apprend qu’à l’étranger, dans de nombreux pays, les associations de malades jouent un rôle très positif dans la relation soignant / soigné. Ceci serait de nature à dissiper les craintes de ceux d’entre nous qui voient avant tout dans l’émergence de ces associations un risque de récriminations et conflits de pouvoirs. Jean-Paul Moatti nous livre une réflexion sur la recherche d’une régulation des consommations de soins qui ne soit pas condamnée à l’économisme. La preuve qu’on peut philosopher intelligiblement, c’est David Khayat qui nous l’apporte lumineusement : « Aller contre la mort, c’est surtout et avant tout rien moins que d’aller à la vie ».
par David Khayat et alii
Editions Le bord de l’eau, Collection santé & philosophie, juillet 2002, 138 pages, 13 €