2020 03 15 : Ce confinement, comment le décliner ?

Alors voilà, c’est annoncé, le confinement c’est maintenant ! D’aucuns déjà supputent, spéculent, combien de temps cela va-t-il durer ? Cervelles inconséquentes, frivoles, imprudentes ! Car avant d’en sortir il faut y entrer, et bien, tout uniment sinon gaiement.

Y entrer comme on entre en religion ?

Le Carmel c’est plutôt pour elles, la Trappe j’y suis tombé déjà depuis quelques cycles temporaux ; les Franciscains c’est bourge, les Cisterciens c’est la prison.

Les Dominicains s’imposeraient bien sûr, mais je n‘ai jamais apprécié l’ordre en général ni les ordres en particulier, fussent-ils séculiers ou réguliers ; ni règle, ni calice, ni haire, ni discipline. Et puis l’office trois fois par jour, bof…

Y entrer en littérature ?

Bouquin en main matin midi et soir ? Voilà qui déjà me plaît mieux, mais alors gaffe à bien fignoler la liste de lectures. L’enfer de Jean-Paul ? Je le laisse en rayonnage vu le contexte et que d’ailleurs les autres ne seront pas là pour me le faire apprécier.

Les pensées du plus élevé de nos anti-jésuites ? Cela me plaît mieux, ça me rappellera mon insolente jeunesse, même si ses espaces infinis m’effraient un peu car j’aspire à une période finie avec au bout le bout du tunnel.

Y entrer en musique ?

Mais c’est bien sûr ! Avec le tempo, la cadence, les soupirs, pauses et silences de circonstance et les da capo qui s’imposent… D’abord la grande, la liturgique : messes, motets, passions, psaumes, oratorios, magnificats, vêpres, Ave Maria et Te Deum, je vais m’en prendre une sacrée dose !

Et savourer lentement ces cycles longs qu’on ne parcourt jamais du début à la fin : les 104 symphonies de Haydn, les 556 sonates de Scarlatti, la totale de Mahler, les 230 chorals du maître … mais pas le Ring, ah non ! Il y a des limites sonores à la bien-entendance !

Et puis pour les moments de creux à l’âme, un peu de chanson quand même, j’ai mes stars et quelques étoiles de moindre magnitude, mésestimées injustement peut-être.

Lui par exemple : alors que ce confinement va nous vieillir impitoyablement, lui n’a pas changé, jamais ne changera ; icône des garçons coiffeurs il fut, il reste, il restera :

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Et lui donc ! J’avais quinze ans mais sa plainte tragiquement lamartinienne accompagne encore mes douleurs anciennes :

Même si, je le concède, l’auteur-compositeur-interprète sut in fine s’élever à un répertoire littérairement plus abouti.

Prouvant donc, et cela m’encourage, qu’on n’est jamais définitivement confiné.

15 mars 2020