L’intrigue de ce film pourrait faire pressentir la sinistrose : un lépreux guéri, Beshay (Rady Gamal) n’est jamais sorti de la léproserie depuis qu’il y fut placé enfant. Sa femme disparue, il part enfin à la recherche de ses racines, avec une pauvre charrette tirée par un âne.
En chemin il est rejoint par un orphelin, Obama (Ahmed Abdelhafiz) et ensemble ils traversent l’Egypte, ses misères et ses abjections.
Mais non ! Rien de sinistre dans ce périple : le réalisateur Abu Bakr Shawky, dont c’est le premier film, sait nous faire rire, son film est empreint d’une poésie d’autant plus remarquable qu’il évite la carte postale touristique ou folklorique des hauts lieux égyptiens.
Il réalise le tour de force de nous divertir sur un fond de misère, de disgrâce physique ; le mélodrame misérabiliste rôde mais nous n’y tombons jamais.
La critique sociale n’est pas trop appuyée, ce n’est pas un brulot mais une fable humaniste ; le mépris que suscitent ces marginaux n’est pas stigmatisé sur un ton moralisateur.
24 novembre 2018
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